Question à un euro : qui a dit « Jusqu’où iront l’indécence, la haine et la bêtise la plus crasse ? » Réponse : Christophe Castaner. Deuxième question, cette fois-ci à deux euros : quand l’actuel ministre de l’Intérieur prononça-t-il ces paroles définitives ? En mai 2018, alors qu’il était encore secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement et délégué général de La République en marche. Troisième question, enfin, à huit euros : à quelle occasion ? Lors d’une manifestation anti-Macron, à laquelle participait La France insoumise, une pancarte, frappée au coin, non du bon sens, mais de l’insigne des Insoumis, avait été brandie où l’on voyait Emmanuel Macron revêtu d’une tenue qui ressemblait à s’y méprendre à un uniforme de SS : la casquette frappée du monogramme EM et du double S, non pas celui de la Schutzstaffel, mais du dollar américain ($) avec, en plus, un brassard israélien. Une plainte avait été déposée par une association israélite et son avocat avait déclaré, comme l’avait rapporté Le Figaro, que « les porteurs de cette pancarte instillent un antisémitisme patent par cet odieux amalgame », ajoutant que « ce dessin, en soi, est une insulte aux victimes de la Shoah »…
Donc, revenons à la question de Christophe Castaner : jusqu’où iront l’indécence, la haine et la bêtise la plus crasse ?
Réponse aujourd’hui : jusqu’aux pages de Télérama, journal qu’il est inutile de présenter à nos lecteurs car ils ont sans doute mieux à lire. En effet, ce journal, qui tire ses origines, mais de très très loin, dans la presse catholique, vient de publier une caricature représentant un homme ressemblant à Éric Zemmour dont on évoque, depuis plusieurs jours, un éventuel retour sur la chaîne CNews. Cet homme est donc revêtu d’un uniforme, non pas ressemblant à celui de la SS, mais de la SS. Carrément : croix gammée, tête de mort sur la casquette, croix de fer. Alors que ce SS se présente à la porte de CNews, l’attachée de presse l’accueille en lui demandant s’il vient « pour le débat sur la PMA, Greta, le voile ou l’immigration ».
Certes, si l’uniforme est explicitement un uniforme nazi, l’homme caricaturé ressemble au polémiste mais n’est pas le polémiste, à la différence de la pancarte de La France insoumise sur laquelle était collée une photo de Macron. Au-delà de la question de savoir si c’est Zemmour ou pas qui est représenté sur ce dessin, cette caricature assimile clairement ceux qui viennent débattre sur cette chaîne de télévision contre la PMA, Greta, le voile ou l’immigration à des nazis, par amalgames successifs : être contre la PMA, par exemple, c’est nécessairement être contre le progrès, donc réactionnaire, donc d’extrême droite, donc, etc.
Plutôt que de partir sur de grandes envolées lyriques, on a envie de prendre la chose avec l’humour que devrait forcément comprendre Télérama en nous souvenant de ce fameux débat qui clôturait le film Papy fait de la résistance et de la colère de Guy-Hubert Bourdelle : « Y a pas de mot pour dire ce que vous êtes… Y a plus de mots ! »
On laissera au lecteur le soin de trouver le mot de la fin.
Georges Michel -Boulevard Voltaire