Sous le règne de Charlemagne, dans les années 770, l’évêque de Strasbourg Remigius fonda l’Aabbaye Sainte Sophie sur -l’insula Hascgaugia- (l’île-aux-frênes) qui allait devenir Eschau. Ce fut la troisième abbaye de femmes en Alsace, après celles de Hohenbourg (Mont Sainte-Odile) et de Saint-Etienne à Strasbourg, toutes trois fondées par la même famille des Etichonides, ducs d’Alsace.
Un hôpital pour pèlerins (1143)
Pendant sept siècles et demi les moniales bénédictines ont occupé ces lieux. Elles ont donc cultivé dans leur jardin des plantes pour s’en nourrir et des herbes médicinales, dites simples ou herbes à guérir. Elles utilisaient ces dernières non seulement pour soigner les malades de l’abbaye et des environs, mais aussi les pèlerins de leur hôpital. En effet, l’abbesse Chunegundis avait fondé en 1143 à l’entrée d’Eschau sur la -voie romaine- encore existante un -hôpital pour pèlerins de toutes parts venant.
S’arrêtaient dans cet hôpital les pèlerins de passage, mais aussi ceux qui étaient venus pour vénérer à l’église abbatiale, dédiée à saint Trophime, les reliques de sainte Sophie et de ses trois filles Foi, Espérance et Charité, rapportées de Rome jusqu’ici dès 777 par l’évêque Remigius lui-même. Sainte Sophie était la patronne de l’abbaye, devenue un centre important de pèlerinage.
C’était généralement l’abbesse qui avait la connaissance des plantes et faisait préparer les onguents, baumes, infusions ou décoctions ou prescrivait bains, enveloppements ou plantes en poudre pour soigner les malades et soulager les maux.
Renouer avec l’histoire et la botanique
Planter et rendre accessibles les plantes anciennes que nos moniales ont connues et cultivées, c’est renouer avec l’histoire et restaurer la mémoire, tout en retrouvant la connaissance des plantes et de leurs vertus.
Nous avons puisé à trois sources pour connaître les noms des plantes cultivées ici dès l’époque carolingienne : le capitulaire De villis de Charlemagne (entre 800 et 812), le Plan de l’abbaye de Saint-Gall (vers 820) qui contient l’Herbularius, l’Hortus et le Pomarium, et enfin l’Hortulus de Walahfrid Strabo, abbé de Reichenau (843-849).
Nous nous intéressons tout particulièrement aussi à sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179), abbesse bénédictine du Rupertsberg et contemporaine de notre hôpital. Elle avait une connaissance étendue des plantes médicinales et de l’art de les utiliser. Dans son Livre des subtilités des créatures divines (Physique) elle nous a laissé plus de 200 noms de plantes, en indiquant le parti qu’on peut en tirer pour se nourrir ou se soigner.
L’emplacement du Jardin Monastique
Le jardin monastique a été reconstitué sur le terrain jouxtant le presbytère, face à l’abbatiale romane. Ce terrain était encore occupé en 1791 – jusqu’alors propriété du Grand Chapitre de la Cathédrale – par un -jardin potager, des berceaux de vignes et un vivier.
L’espace rectangulaire, idéalement orienté avec exposition au sud, a été mis à notre disposition par Monsieur le Curé qui en a l’usufruit et la Commune qui en est le propriétaire.