Si Alexandre Benalla n’est pas un exemple d’assimilation réussie, autant se pendre. Déjà, il troque son prénom mahométan contre un autre, issu du calendrier grégorien. C’est Éric Zemmour qui doit être content : l’intégration républicaine est en marche.
Toujours dans cette semblable veine, Alexandre Benalla prend sur ses RTT pour torgnoler des gauchistes vaguement antifas. Qui dit mieux ? Même chez Marine Le Pen, on passe son tour. Alexandre Benalla, ou l’immigration heureuse ? Il y a de ça.
Nos lecteurs issus de la droite conservatrice, toujours prompts à stigmatiser les gréviculteurs alcooliques de la CGT et ces feignasses de fonctionnaires, devraient encore plus apprécier le sens inné de l’entrepreneuriat développé par cet aimable trublion, sachant qu’il vient de lancer sa petite boutique à lui : Benalla©.
Évidemment, Benalla© ne serait pas Alexandre si Alexandre n’était Benalla©, sachant que la marque a été déposée à l’INPI (Institut national de la propriété industrielle) par l’avocat Géraldine Lesieur, et ce, peut-être à l’insu du plein gré du corps défendant du principal intéressé. La Justice française, en laquelle Benalla© Alexandre fait évidemment toute confiance – c’est celle de son pays –, devrait prochainement statuer sur l’affaire.
En attendant, quels secteurs d’activité la marque Benalla© est-elle censée couvrir ? Rien que du très normal et du tout-venant. Des armes à feu ? Pratique pour les selfies et avantageux pour les filles qui vont généralement avec. Des produits allant des explosifs jusqu’aux gardes d’enfants ? Les explosifs, on ne voit pas trop, mais il convient d’anticiper les prochaines tendances du marché. En revanche, le service de nounous, c’est génial pour que les parents puissent enfin sortir le soir. Soirée théâtre ? Pas de soucis. Tonton Benalla© veille. Et en cas de problèmes, ça va claquer dru.
Pour en revenir à ce louable souci d’assimilation citoyenne, on notera qu’en déposant son patronyme, le bel Alexandre ne fait jamais que suivre un exemple venant de haut, celui de l’Élysée ; là où l’on vend tasses à café, stylos et autres babioles frappées aux armes de la résidence présidentielle. Une petite idée pour Alexandre Benalla© ? Fournir le Château en casseroles gravées à ses initiales. Un tel produit devrait s’arracher, surtout auprès de la magistrature. En attendant, notre homme devance les désirs présidentiels les plus secrets. Trouver du boulot ? C’est si simple. Il suffit de traverser la rue, même celle du faubourg Saint-Honoré. La preuve par Benalla©.
Et les médias de s’étonner de cette initiative consistant aussi à résorber les chiffres du chômage. On ne comprend pas très bien le bien-fondé de cette interrogation, sachant que d’autres exemples à donner à la jeunesse ont déjà précédé notre humaniste militant. Nabilla, par exemple, qui, à défaut de chercher Mirza, a enfin trouvé son shampooing. Et la notoriété allant avec : elle a défilé pour Jean-Paul Gaultier ; comme Zahia, autre phare du redressement intellectuel et moral français, chez Karl Lagerfeld. Les USA étaient autrefois la terre de tous les possibles. La France est en train, Dieu merci, de rattraper, en la matière, le très surestimé oncle d’Amérique.
C’est donc avec impatience que nous attendons un prochain happening, avec Alexandre Benalla©sur le catwalk. Le regard hautain propre au démocrate indigné, maquillé comme une voiture volée, la matraque à la ceinture, prête à frapper les ennemis, réels ou putatifs, d’Emmanuel Macron, son Manu à lui rien qu’à lui, le casque de CRS à paillettes, le flingue à la pogne et sa tête de « Nonnête homme » en bandoulière. La République en marche, somme toute.
Nicolas Gauthier – Boulevard voltaire