Président, la nuit vient de tomber (Vidéo)

– J’espère qu’elle ne s’est pas fait mal”, lui répond, avec malice, Jacques Chirac. Cette rituelle complicité, l’ancien chef d’État la partage avec Daniel Leconte, son dernier compagnon de route… lequel est décédé en juillet.
Percer le mystère de Jacques Chirac, c’est suivre une destination incertaine. Un homme politique sans ego, dit-on. Jacques Chirac serait un être paradoxal, autoritaire et tolérant, généreux et indifférent aux autres, un enfant gâté de la République à qui tout semble avoir réussi. Énarque et grand bourgeois, il est, en vérité, profondément humain, rustique, simple. Cet être tourmenté, épris par-dessus tout de liberté et de spiritualité, aurait passé son existence à protéger ses jardins secrets : les arts premiers, l’Asie, les femmes, sa compassion éternelle envers les enfants handicapés…
Celui qui rêvait de devenir archéologue, capitaine au long cours ou militaire de carrière n’avait jamais écrit son histoire.

 

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C’est à la demande de la fille de Jacques Chirac, Claude, que Daniel Le Conte a passé les trois dernières années de sa vie auprès de l’ex-chef de l’État. Il fut son confident et presque son rempart, accueillant les visiteurs et veillant à ce que le Président reste digne en toutes circonstances.

« Une fin de vie diamétralement à l’opposé de celle de son prédécesseur, explique-t-il notamment. Malgré le cancer qui l’obligeait parfois à recevoir ses hôtes allongé, François Mitterrand a toujours gardé l’esprit clair, jamais avare d’un petit coup de griffe, d’un mot d’esprit. »

Daniel Le Conte passait tous les jours vers 15 heures rendre visite à son ami, qui « a les yeux perdus dans des pensées indéchiffrables ». « Jacques Chirac n’a plus envie de faire l’effort, juste la force d’écouter », raconte-t-il encore.

Et au moment du départ, Daniel Le Conte venait lui glisser cette petite phrase : « Président, la nuit vient de tomber ». Pour entendre à chaque fois comme réponse, « j’espère qu’elle ne s’est pas trop fait mal ».

Au fil d’une quinzaine d’entretiens, l’ouvrage d’Ardoin dissipe donc un peu « le mystère Chirac » et fait découvrir aussi ses passions : pour les arts premiers, les femmes… Les confessions de Le Conte permettent de lever un coin du voile sur la vie de l’ancien chef de l’État avec son épouse, Bernadette mais aussi sur son infinie compassion pour les enfants handicapés.

Daniel Le Conte, qui fut de toutes les aventures politiques et surtout, le fidèle confident de ces dernières années, était soucieux de ne pas « salir la mémoire » de l’ancien président. Décédé d’une crise cardiaque en juillet dernier, il avait cependant relu les épreuves du livre et donné son feu vert pour la publication.

 

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