La qualité allemande sort très affaiblie par la fraude de Volkswagen. L’occasion de rappeler que pour une entreprise la qualité est une valeur suprême, ainsi que l’explique André Boulle, écrivain et industriel, dans son livre, L’Ecole des Patrons, écrit en 1960, aux éditions de l’Entreprise Moderne :
« La qualité est la reine des batailles commerciales; comme l’infanterie elle est seule à pouvoir occuper durablement le terrain »
La qualité, Monsieur.
La qualité est un régulateur de la fabrication et de la vente, une assurance contre le chômage des usines et la fermeture des magasins.
Elle combat la mégalomanie, la surface couverte qui n’en finit pas, le chiffre d’affaires pléthorique. Vous faites photographier orgueilleusement vos usines d’un avion, vos devantures de profil pour les prolonger ; le client ne photographie que votre qualité.
Elle est une des meilleures formes de la publicité, la plus saine, la plus vraie. La qualité dure et vous fait durer.
Elle est la fierté des ouvriers, la fidélité des clients, l’argument n° 1 du vendeur.
Vente, propagande sont des leviers qui ne valent rien sans le point d’appui de la qualité.
Elle est française, mais il y a encore de mauvais Français. La qualité du produit est le test de la qualité de l’organisation, de la direction, du personnel, donc de la maison.
Les grandes entreprises qui font de la petite qualité sont petites, malgré l’effectif, les comptoirs, les stocks, le nombre des usines.
Faire grand est facile ; faire beau et bien ne l’est pas.
L’honneur de tout travailleur, patron, cadre, employé, ouvrier est dans la qualité.
On oubliera le prix élevé et le délai trop long : on se souvient toujours de la qualité, bonne ou mauvaise.
La qualité est la joie de vivre du consommateur, la raison de vivre du fabricant.
L’usine qui fait de la qualité travaille en profondeur ; les autres travaillent en surface.
La qualité donne un article plein de valeur qui dure, qui sert, qui fait plaisir : un beau fruit gorgé de suc, de vitamines, de saveur. La camelote est un navet creux.
La qualité, c’est le respect du client, la reconnaissance exprimée à l’homme qui vous fait vivre.
Faire bien d’abord, faire ensuite et toujours un peu mieux, avant de penser à faire beaucoup.
La qualité est l’orgueil du plus humble des artistes, du plus humble des artisans.
Le manque de qualité, c’est le vol qui ne veut pas dire son nom.
La qualité fera d’abord monter le prix de revient ; elle le réduira par le succès qui engendre la plus grande série.
Pour un industriel, manquer de qualité dans ses produits, c’est battre fausse monnaie.
Le volume s’atteint, le délai se respecte : la qualité se cherche toute la vie, la perfection n’étant pas de ce monde, mais vos clients devineront, sauront que vous la voulez, que vous en êtes obsédés et… vous feront confiance.
La qualité, c’est ce qui reste de l’artisanat et même de l’art dans la fabrication moderne rationalisée ; la « série » n’a de valeur que si elle aboutit à la qualité. C’est elle qui lui vaudra le pardon (1).
Note :
1. La qualité est irremplaçable, comme le nom qui l’exprime …Valeur, vertu n’ont pas le même sens. La quantité, par contre, plus commune, plus facile, possède des synonymes : le nombre, la série, le volume, etc.
(Merci à EVR)
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