Vidéo / Les sépultures collectives du Japon…

Dans les mégapoles du Japon, des associations se forment, de plus en plus nombreuses, pour organiser des sépultures collectives de plusieurs milliers de personnes. Celles-ci délèguent l’entretien des tombes et le culte des morts à des professionnels, tout en évitant des frais. Un paganisme moderne adapté à l’évolution de la société nippone.

Qu’ils soient shintoïstes ou bouddhistes, ou les deux à la fois, les Japonais sont très majoritairement animistes et rendent avant tout un culte aux ancêtres. Ne pas pouvoir le faire est un drame et les proches des défunts se sentiraient coupables si ces sépultures collectives n’existaient pas. Les fleurs, la clarté du lieu leur plaisent autant que la liberté de mouvements que leur offre le système.

C’est véritablement d’un paganisme moderne qu’il s’agit : il s’adapte aux transformations de la société et permet au Japon de calquer en quelque sorte la mort sur la vie. Et l’engouement est tel que la place manque pour graver le nom des nouveaux arrivants dans la pierre, ils s’inscrivent simplement sur une liste informatique.

C’est une façon pour eux de prendre en main leurs propres obsèques et de soustraire leurs proches tant à la contrainte de l’entretien des tombes, qu’à l’observation régulière de rites compliqués. Une façon de déléguer ces choses indispensables pour un animiste, mais fastidieuses et pas toujours possibles pour un habitant du Japon d’aujourd’hui. De refiler le culte des ancêtres aux sociétés qui ont lancé les sépultures collectives et au clergé qui s’en occupe.

Le paganisme moderne et cool des sépultures collectives

Un paganisme moderne, cool et pragmatique. Et puis, il y a les célibataires, les couples sans enfants, qui trouvent par ce biais l’assurance que quelqu’un s’occupera d’eux « pour l’éternité »quand ils seront partis « pour l’au-delà ».

Le Japon est frappé par un déclin persistant de sa natalité, l’indice synthétique de fécondité est tombé à 1,4 enfant par femme, et les plus de soixante-cinq ans forment plus d’un quart de la population.

Ces anciens veulent partir tranquilles pour l’au-delà, assurés que quelqu’un s’occupera d’eux. En attendant de passer, ils se font des amis dans les associations de plus en plus nombreuses où l’on peut s’inscrire pour les sépultures collectives. Elles organisent des séances de lecture commune ou des excursions à la campagne. Une façon de passer insensiblement de la vie à la mort, de gommer la frontière tragique qui les sépare.

Un moyen aussi, en se préparant à faire fosse commune et à mêler leurs cendres, d’effacer la frontière entre les individus, de sorte que le mélange des corps figure la dissolution de la personne dans l’âme du monde. C’est enfin une manière pratique de manifester sa foi panthéiste en l’adaptant aux circonstances concrètes de la vie urbaine. Un paganisme moderne caractéristique du Japon.

L’Europe sénescente et privé de ses repères, en plein désarroi devant la mort, ira-t-elle chercher exemple dans ces étranges nécropoles japonaises ?

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