Les images de la statue du général de Gaulle à terre ont fait le tour des réseaux sociaux, la semaine dernière. Les réactions politiques assurèrent le service minimum, il faut bien l’avouer. Du côté gouvernemental, un silence radio de circonstance. Curieux, quand on sait qu’Emmanuel Macron s’est approprié la croix de Lorraine pour la faire figurer sur les armes de la République. Idem chez Christophe Castaner, pourtant prompt à s’indigner. Silence, aussi, chez un certain Bruno Le Maire, pourtant député de la 1e circonscription de l’Eure, c’est-à-dire à… Évreux, ville où eut lieu l’acte de vandalisme. D’autant plus curieux qu’il est arrivé à Bruno « le Renouveau », à ses heures perdues, de se revendiquer du gaullisme. Rien de ce côté-là, donc. Pas la moindre émotion gouvernementale n’a transpiré sur les réseaux sociaux. La canicule, peut-être, et avec ces risques d’amalgames ou de stigmatisations, il ne servait à rien d’échauffer un peu plus l’atmosphère. À noter, tout de même, la réaction de l’autre député d’Évreux, Fabien Gouttefarde, de La République en marche, qui alla chercher ses références aux Amériques pour tweeter : « Vous ne pouvez maintenir quelqu’un à terre sans y rester avec lui » [Booker T. Washington]. Ce que symbolise le Général De Gaulle est indéboulonnable ! Ceux qui ont fait ça sont, eux, plus bas que terre… » Cela a dû beaucoup émouvoir les vandales…
Donc, ne pas échauffer l’atmosphère, d’autant, comme l’a souligné Timour Veyri, l’opposant socialiste au conseil municipal d’Évreux, après avoir condamné le « désoclement de la statue du Général », que les propos haineux et racistes se seraient déchaînés sur les réseaux sociaux : « Je suis très inquiet de la vague de paroles racistes sur les réseaux sociaux à laquelle nous assistons depuis ce week-end… L’extrême droite n’a pas sa place dans notre belle ville d’Evreux », pouvait-on lire sur actu.fr/normandie du 22 juillet. Toujours ce Timour Veyri qui (toujours ce même actu.fr) souhaitait ne pas faire d’amalgame : « Pour le moment, on ne sait pas ce qui s’est passé et s’il s’agit d’un acte volontaire ou non. » Si, si, ça ne s’invente pas ! Et l’élu socialiste d’ajouter : « On attend l’analyse des images de vidéosurveillance de la ville. Mais on doit avoir une vraie réflexion sur la protection de la statue à l’avenir. » Une véritable réflexion pour protéger la statue face aux actes volontaires et/ou involontaires ?
Bon, aujourd’hui, on sait. Jusque-là, la statue abattue du général de Gaulle pouvait donner libre cours à l’imagination débordante de tous ceux qui ne veulent surtout pas faire d’amalgame : une tempête, un accident de scooter, des enfants qui voulaient s’amuser, des supporters à la joie débordante mais maladroits, etc. Car la vidéo, si elle n’a pas fait le 20 Heures, a fait le tour des réseaux sociaux. Et là, on n’a plus de doute. Pourtant, en ce 27 juillet, l’élu socialiste d’Évreux n’a toujours pas réagi pour faire part de son analyse personnelle de ces images. Car il s’agit bien d’une bande d’ensauvagés qui s’est acharnée sur la statue de l’homme du 18 juin, encouragée par toute une foule hurlante autour d’elle. Une bande d’ensauvagés qui a recouvert cette statue du drapeau algérien, pas du drapeau tricolore, pour finalement la mettre à terre. Mais tout cela est peut-être un montage de l’extrême droite, qui sait.
C’est là, en tout cas, que les propos, sur BFM TV, lundi dernier, de Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, prennent toute leur dimension surréaliste : « On met le focus sur le fait que des supporters algériens aient pu manifester leur joie… Il faut remettre les choses à plat. Est-ce qu’on a eu des débordements de la nature de ce qu’on a connu ? Avec les gilets jaunes, on a eu des centres-villes mis à sac ! Ce n’est pas le cas… » On a envie, alors, de poser une question à Sibeth Ndiaye : de quelle nature sont donc ces « débordements » d’Évreux ? Mais c’est les vacances. Réponse fin août, peut-être.
Georges Michel – Boulevard Voltaire