— Pour la première fois un prêtre a été égorgé en France, comment réagissez-vous à cette nouvelle étape de la montée de la barbarie islamiste sur notre sol ?
— Je ressens un profond sentiment de compassion d’abord. On savait que le terrorisme islamiste s’attaque et s’attaquerait à ce qui fait le cœur de notre identité nationale. Ce sont nos églises que l’on attaque, intentionnellement, un pas a été franchi par les barbares, le symbole est fait pour nous tétaniser. Et on a l’impression en effet d’un gouvernement et d’une classe politique complètement tétanisés et incapables d’analyser ce à quoi nous devons faire face. Incapables de poser un diagnostic et par conséquent d’apporter le début d’un commencement de solution. Or les solutions existent. Ce que nous vivons aujourd’hui, c’est la conséquence de trente ans de très graves erreurs que se partagent l’UMP et le PS. Sous les quinquennats de Messieurs Sarkozy et Hollande, la dérive islamiste n’a connu aucune entrave ni ralentissement. La seule solution est politique. La seule solution passera par la volonté politique et par les lois que l’on aura la volonté de faire appliquer.
— Est-ce que vous avez le sentiment que l’on est dans une accélération de la situation avec ces attentats qui se multiplient maintenant quasi quotidiennement en Allemagne et en France ?
— Oui absolument. J’ai eu ce sentiment après l’attentat de Nice. Je l’ai dit immédiatement à des proches : la situation va s’accélérer. On va probablement assister à des attentats terroristes en série. Je pense que le fait que ce soit les vacances joue aussi dans l’esprit de ceux qui cherchent à imposer la terreur et à imposer le sentiment que nul n’est en sécurité nulle part. Prendre les soldats de Daech pour des fous, c’est s’affaiblir soi-même. Ce ne sont pas des fous. Ce sont des gens qui n’ont aucune limite morale, aucun respect pour la vie de ceux qu’ils considèrent comme des mécréants.
— Attentat après attentat, les médias continuent inlassablement la même politique de déni, évitant soigneusement le mot « égorgement » par exemple, on a l’impression qu’ils n’apprennent jamais rien des évènements. Pourquoi selon vous ?
— On a même l’impression que chaque nouvel attentat n’est pas une blessure pour eux mais une inquiétude électorale. Les médias attendent avec impatience de voir si par hasard ce ne serait pas autre chose. Ils espèrent jusqu’à la dernière minute que ce soit autre chose. C’est terrifiant parce qu’encore une fois cela signifie qu’ils refusent toujours de regarder la réalité en face. Entre ceux qui viennent expliquer aujourd’hui qu’il faut faire ce qu’ils disent alors que quand ils étaient au pouvoir ils ont contribué à l’aggravation de cette situation et ceux, comme Monsieur Dupont-Aignan, qui expliquent que l’Etat de droit ce n’est pas si important que ça, on a l’impression que la classe politique perd son sang-froid. Or les Français eux, ont un comportement exemplaire. Je tiens à le dire. Les Français font preuve d’énormément de sang-froid et de sens des responsabilités. Le peuple français se comporte de manière absolument remarquable.
— Aujourd’hui que faut-il faire ?
— On s’aperçoit à chaque fois que si l’Etat de droit était véritablement appliqué, des attentats auraient pu être évités. Je ne parle pas de l’Etat d’urgence mais de l’Etat de droit. L’Etat de droit commence lorsque les lois et les peines sont appliquées. Aujourd’hui il n’existe plus d’Etat de droit en France et c’est probablement la raison pour laquelle nous sommes dans une situation telle que celle-là. Car si l’Etat de droit existait et si le bon sens présidait aux décisions politiques, la plupart de ceux qui ont commis ces attentats n’auraient pas pu être sur le territoire français. La non-application des lois pénales – peines des délinquants terroristes non effectuées, absence d’expulsion des délinquants devenus terroristes, absence de mise hors d’état de nuire des fichés « S », prolifération des zones de non-droit, non-application des règles sur la laïcité, absence de sanctions contre les discours appelant à la haine anti-française – fait que nous ne sommes pas dans un Etat de droit. L’Etat de droit n’est pas négociable. Si nous appliquions vraiment les lois pénales et antiterroristes, de nombreuses victimes auraient été sauvées. C’est ça la réalité.
Propos recueillis par Caroline Parmentier pour Présent