Un enfant est au cœur d’un débat judiciaire hors-norme. Dupés par une mère porteuse, le père géniteur et le père adoptif revendiquent tous les deux la paternité.
Depuis 2013, deux hommes revendiquent la paternité de l’enfant (illustration)Crédit : AFP
Un enfant se retrouve au cœur d’une bataille judiciaire, sur fond d’escroquerie montée par une mère porteuse peu scrupuleuse. Cette affaire incroyable est relatée par Le Parisien, qui a déjà fait l’objet de trois décisions de justice. Depuis 2013, deux hommes revendiquent la paternité d’un enfant.
Tout commence lorsque Alexandre Lerch et son compagnon Anthony repèrent en 2012 l’annonce d’Alice*. Celle-ci propose de devenir leur mère porteuse contre 15.000 euros. Le couple accepte la proposition. La femme procède donc a l’insémination du sperme d’Alexandre.
Mais au dernier moment, juste avant l’accouchement en 2013, Alice disparaît de la circulation. Elle fait finalement croire que l’enfant est mort-né. Le quotidien explique qu’elle avait en réalité déjà tenté cette arnaque en 2010, avec succès. Mais cette fois-ci, Alexandre et Anthony découvrent qu’Alice a menti et qu’elle a confié l’enfant à un couple hétérosexuel recalé de l’adoption, les Dupuis*. Elle les a de nouveau fait payer 15.000 euros.Alors qu’Alexandre prouve par un test ADN qu’il est bien le père biologique de l’enfant, Monsieur Dupuis l’avait déjà reconnu à la mairie. Sur l’acte de naissance, il est donc le père “officiel” de l’enfant.
L’affaire a fait l’objet de trois décisions judiciaires. En mars 2017, le tribunal civil de Dieppe a donné raison au père biologique, Alexandre, en prenant soin de souligner “l’effet dévastateur des actes illicites de ceux qui se réclament aujourd’hui [du] bonheur [de l’enfant] et de son éducation”, précise Le Parisien. “Cette décision, quelle qu’elle soit, sera facteur de souffrance pour cet enfant, privé dans les deux cas d’une partie de son histoire personnelle”.
Alors que l’enfant doit être progressivement être transféré au domicile d’Alexandre et Anthony, les Dupuis font appel. Coup d’éclat : le 31 mai 2018, la cour d’appel donne raison aux Dupuis. L’enfant reste ainsi vivre chez sa famille “adoptive”.
Les couples ont dû payer une amende de 2.000 euros
Pour la gestation pour autrui, qui est interdite en France, Alice a été condamnée à un an de prison avec sursis, et les deux couples ont chacun dû payer une amende de 2.000 euros.
La bataille n’est toujours pas terminée. Alexandre prévoit de former un pourvoi en cassation, pour que l’enfant, âgé maintenant de 5 ans et qui ne sait rien de cette procédure, puisse connaître l’existence de son père biologique. Cette procédure pourrait durer au moins un an.
* Les prénoms et noms ont été modifiés.