Allez-vous faire foot !

Prévenons immédiatement les âmes sensibles, une fois n’est pas coutume, je vais me vautrer dans la vulgarité, et cela doublement ! En effet, je vais non seulement évoquer l‘actualité, mais je vais de surcroît consacrer cette chronique au fléau national qui touche en ce moment notre beau pays de France : le Championnat d’Europe de l’Union des Associations Européennes de Football masculin 2016, communément abrégé en Euro-foot 2016. Tout me déplaît dans cet événement, absolument tout : Commençons par l’origine du jeu qui se prétend un sport : on peut voir dans la soule l’ancêtre lointain du football. Mais cet aïeul est commun au rugby et au football. C’est au milieu du dix-neuvième siècle en Angleterre qu’est vraiment né le football contemporain.

Comment ne pas considérer avec la plus grande méfiance ce qui vient du peuple des Angles ? Surtout quand ce jeu était censé contenir la violence de ce peuple de pendards. Autre raison de mon aversion pour ce jeu : son nom. Outre le fait que nous aurions pu le franciser et l’appeler par exemple « bal-au-pied » ou, par apocope « balaup » il comporte le nom d’un organe humain que je n’aime pas : le pied. Autant j’apprécie la finesse des jambes et des chevilles, autant je trouve le pied répugnant. C’est ainsi. En plus, il dégage souvent un remugle que l’on retrouve inévitablement dans les vestiaires des joueurs de football. J’entends l’objection de mes détracteurs : « d’ELLOY n’aime pas le foot car c’est pour le populo ». À cela je réponds que je déteste le tennis et le golf qui passent pour des jeux snob. Je me sens davantage PMU (Paris Mutuel Urbain) « titi patrigot » que « Deauville casino » ou « Saint-Tropez Papa gayo ».

La curiosité m’a saisi. J’ai voulu me soumettre à une introspection pour trouver la cause profonde de mon aversion pour le football. Évidemment, cela vient de l’enfance. À la récréation, les meneurs, les grandes-gueules un peu voyous sur les bords et souvent cancres de surcroît, faisaient la loi en imposant ce jeu et en choisissant leurs équipiers. Déjà réfractaire à l’esprit grégaire, je ne faisais pas allégeance à cette camarilla d’apprentis mafieux. Depuis, ce jeu d’équipe a toujours été un repoussoir. Frapper dans un ballon ne me procure aucune satisfaction. Voilà pour le jeu en lui-même.

Quant aux championnats et compétitions de football, la vue, ne serait-ce que quelques secondes, de ces messieurs en culottes courtes transpirant sous des maillots aux couleurs criardes a sur moi un effet émétique à coup sûr. La nausée est tout aussi certaine si par hasard, je n’entends que la retransmission d’un match à la radio. Mais il y a pire que les joueurs de football, il y a les spectateurs ! Qu’ils soient chez eux ou sur des gradins, les amateurs de football ne sont que des galfâtres suants, remplis de bière, dotés d’une intelligence à peine supérieure aux hamburgers dont ils s’empiffrent. Le « footeux » est une espèce à lui tout seul, entre l’hippopotame et le rhinocéros ! Les plus dangereux sont capables de charger en poussant des cris et en dévastant tout sur leur passage, on les appelle des « hooligans ». Ils se nourrissent de pop-corn, de pizzas froides, de hamburgers et de bière tiède. Ils se retrouvent dans des parcs que l’on a construits spécialement pour eux avec nos impôts. Ce sont d’immenses cuvettes de béton très laides appelées « stades ». Il n’y a plus qu’à refermer le couvercle et à tirer la chasse.

Moi qui déplore l’émasculation de la société occidentale et le manque de patriotisme de mes contemporains, des esprits chafouins pensent m’embarrasser en prétendant que le football est un jeu viril qui réveillerait le nationalisme des Français. À ces rusés, je réponds que ce jeu ne fait que stimuler un chauvinisme beuglant d’une populace déracinée. Il ne suffit pas de gueuler de temps en temps « Allez la France » en buvant du Coca-Cola pour se donner des gages de patriotisme. Être patriote, c’est 365 jours par an. Quant à l’équipe, dite de France, elle ressemble à un peloton de mercenaires en berline de luxe aux vitres teintées venant de multiples coins du monde prêts à jouer pour le pays le plus offrant. J’ai le sentiment que ces joueurs qui ânonnent l’hymne national défendent davantage leur portefeuille que la France.

Vous me direz que c’est à l’image de notre époque : c’est la globalisation et son nouvel ordre infernal. Les équipes nationales achètent des joueurs étrangers comme une grande marque importe des pièces fabriquées chez ses sous-traitants du tiers-monde. En outre, les joueurs de l’équipe, dite de France, ne brillent pas dans la représentation qu’ils donnent de notre pays. Comme ambassadeur, il est difficile de trouver plus désastreux. Le prolo franchouillard, d’habitude enclin à conspuer le bourgeois, qui paye pour aller applaudir des milliardaires apatrides et mal élevés jouer au ballon, cela peut paraître cocasse ; pour moi c’est obscène. Pourquoi ce jeu est toujours l’objet de turpitudes d’en bas jusqu’à son sommet ? Je laisse de côté les affaires sordides de diffusions de vidéos cochonnes entre joueurs, qui sont des vétilles en comparaisons des scandales qui entourent la Fédération internationale de football association (connue sous le nom de FIFA) : entre les trafics de billets et la corruption révélée en 2015 par la justice américaine, on ne peut pas dire que les hauts responsables de la FIFA soient tous des enfants de chœur animés par l’amour du sport !

Lorsque des sommes d’argent considérables sont en jeu, il y a toujours quelques malandrins attirés par l’odeur des billets de banque comme le requin est attiré par le sang. Il y a encore plus triste et navrant : dans une grande partie du monde, le football est devenu un miroir aux alouettes pour sortir de la misère. Tout ce que le nouvel ordre infernal a trouvé pour donner de l’espoir aux gamins des favelas, c’est de devenir des joueur vedettes ! On achète la paix sociale avec un ballon. Du pain et des jeux… rien a changé, sauf que le pain est rance et le jeu frelaté. Quand on voit les saccages et les pugilats dont sont capables les hooligans ; quand on sait qu’à hauts niveaux c’est le règne de la perversion, on a le droit d’être réfractaire à cette espèce de religion qu’est devenu ce jeu.

De haut en bas et horizontalement, le football n’est qu’une expression de la bêtise et de la vilenie humaine, qui divise plus qu’elle ne rassemble. Et si elle rassemble, ce sont les vices les plus ignobles de l’âme humaine. L’imbécilité alcoolisée emmenée par la violence charrie ses tonnes d’excréments comme l’égout collecteur d’une ville est l’entonnoir de la fiente humaine. Vous remarquerez au passage que ce jeu m’oblige à employer des anglicismes, preuve de plus que le football est maléfique. Pour retrouver ma sérénité, je vous laisse prendre le foot et moi la paix !

Charles-Henry d’Elloy

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