Le CERAS (Centre de recherche et d’action sociales) est une association de loi 1901, genre comité Théodule dont « la finalité principale est de promouvoir et de développer une réflexion sur les questions politiques, économiques et sociales en veillant au respect de justice sociale ». Bref, un bidule vaguement catholique, à la sauce cureton à Solex, avec sandales, chaussettes et carte du PSU dans la poche du blouson en skaï.
Le CERAS, qui ne sait manifestement pas comment occuper ses journées, s’apprête donc à publier un numéro spécial, consacré à « la progression des idées d’extrême droite dans le champ politique et social français ».
Mais comme l’antifascisme alimentaire en peau de lapin, « ça eut payé » (comme l’assurait l’irremplaçable Fernand Raynaud), le CERAS n’a d’autre recours que celui de la quête ; pardon, du « crowdfunding », « financement participatif » in French, les réseaux sociaux faisant désormais office de troncs d’église.
Vidéo à l’appui commence donc le sermon – ou la purge, c’est au choix. Où l’on apprend que lutter contre cette extrême droite est une « sacrée aventure » ; c’est vrai qu’à côté, Tarzan est un expert comptable. Au risque de leur vie, donc, nos aventuriers de l’impossible sonnent le tocsin sur le thème : on croyait les Français « vaccinés »… du vote lepéniste au tétanos, l’analogie paramédicale coule effectivement de source. Et, cauchemar apocalyptique, certains catholiques voteraient même pour le Front national. Sans blague ! Que fait la police ? Que fout l’armée ?
Pour demeurer dans le registre de l’humour drôle avec des morceaux de gags rigolos dedans, on notera que le diocèse de Saint-Denis – mausolée de nos chers rois de France, tout de même – vient de prêter main-forte à ce numéro d’illusionnistes digne du « Plus grand cabaret du monde », du tout aussi foutraque Patrick Sébastien. Il est vrai qu’à Saint-Denis, paisible bourgade, donnée au monde entier comme exemple d’assimilation républicaine et d’ordre du même tonneau, nos chers clercs, hésitant sûrement entre cueillette aux champignons et lutte contre la « bête immonde », ont illico rallié le Vercors. Parce qu’on y trouve aujourd’hui plus de champignons que de reîtres à casques à boulons ?
Au fait, dernière petite question à mille euros (ou trente deniers) pour demeurer dans le registre sémantique de ces foutus calotins ne portant même plus calotte, alors qu’ils en mériteraient des wagons, de calottes, dans leurs faces de Carême : c’est quoi, exactement, cette fameuse « extrême droite » ?
Un gigantesque fourre-tout dans lequel on trouverait des hommes tels que Bernard Antony et Alain de Benoist ? Un truc qui mêlerait des journaux tels que Monde et Vie et Rivarol ? Un machin où Nicolas Dupont-Aignan et Pierre Sidos seraient interchangeables ? Un improbable vistamboire où cohabiteraient harmonieusement une Chantal Delsol et un Henry de Lesquen ? Même un étudiant de première année à Sciences Po ne croit plus aujourd’hui à cette fable destinée à faire manger de force leur soupe aux enfants…
Alors, que faire, tel qu’écrivait Lénine ? Donner préférence nationale au boogie-woogie plutôt qu’aux prières du soir, tel que préconisé par le révérend père Eddy Mitchell ? Le concept paraît séduisant.
Nicolas Gauthier – Boulevard Voltaire