Touche pas à mon voile!

https://www.youtube.com/watch?v=ahd_1VVJ9-E

L’islamophobie n’est pas une opinion, c’est un délit voilà ce qu’énonce le collectif CCIF qui a publié cette vidéo dans la quelle Céline Pina, ancienne conseillère régionale PS du Val-d’Oise et essayiste, invitée de l’émission Bibliothèque Médicis sur Public Sénat, du 20 mai, sur Daech, a fait un rapport entre le port du voile et celui du  brassard nazi dans un contexte bien précis et très clair.

Aussitôt, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) s’est emparé de cette phrase, condamnant avec virulence ces propos «nauséabonds». «La ligne rouge a été, encore une fois, largement franchie. Nous ne pouvons plus tolérer la moindre complaisance à l’égard de ces discours politiques, ouvertement racistes et islamophobes», écrit le CCIF. «L’heure n’est plus au constat de la banalisation du racisme mais de tirer la sonnette d’alarme sur sa promotion des élites politiques et médiatiques», a-il ajouté. […] Et bien sûr, menaçant Céline Pina d’une procédure…

Réponse de Céline Pina sur sa page Facebook

La vie politique est faite parfois de contradictions. Pendant que certains me reprochent d’être allée parler à la mosquée de Paris, d’avoir rencontré Dalil Boubakeur et me critiquent pour m’être assise à côté d’une jeune femme voilée; les militants du CCIF, fidèles à leurs méthodes de désinformation désormais bien connues, entament une campagne ad hominem à propos d’un passage de l’émission Bibliothèque Médicis qui porte sur le voile.
Ainsi pour les uns je serais complaisante, pour les autres, je serais “islamophobe”.

Or les deux se trompent. Vendredi dernier l’émission portait sur les réseaux djihadistes et la radicalisation.
Je n’y est jamais dit que le voile était l’équivalent du brassard nazi, mais qu’il a une signification claire et que quand on porte un symbole politique, on endosse sa signification.
En sortant de son contexte une phrase ou j’explique en quoi dans le cadre djihadiste et intégriste, porter le voile est une démonstration de militantisme politique qui vise à afficher sa position et à faire pression sur les autres. La force du signe l’emporte.

Voilà pourquoi nul ne peut porter aujourd’hui innocemment la croix gammée, ou dire qu’il ne la porte pas en tant que référence raciste parce que c’est une affirmation idéologique dont le sens ne fait aucun doute. C’est sur cette base que le CCIF (ceux qui recensent comme actes islamophobes les fermetures de mosquées salafistes, les expulsions d’imams radicaux et qui hurlent contre les violences policières à propos de l’arrestation des terroristes à Saint Denis) voudrait me prêter l’intention d’amalgamer voile et insigne nazi.

Or comparaison n’est pas raison. Ce que je dis (ce que les imams non intégristes disent aussi), c’est que le voile n’est pas une obligation religieuse. En revanche, il l’est pour les islamistes.
Ce voile à un sens, il est le marqueur de l’impureté de la femme, du refus de l’égalité face à la loi, c’est un marqueur du refus de l’intégration et une provocation politique.
Je comprends que le CCIF, organisation au service des islamistes se saisisse de cette histoire et entame un procès en désinformation aux ficelles bien grosses pour tenter de disqualifier l’ensemble de mes propos.
Tranquillement donc et pour celles et ceux qui, mal informés des méthodes du CCIF, se seraient à juste titre émus de ces propos je redis ici ce qu’est depuis toujours ma position sur le voile.

D’abord, si je combats le voile, je n’agresse pas pour autant les femmes qui le portent. Certaines sont des militantes conscientes de leur travail de sape, d’autres subissent la pression sociale, d’autres encore sont trop aliénées pour imaginer que l’on puisse vivre sans. Parfois, quand dans les quartiers les plus radicaux font la loi, le porter est une question de survie.
Simplement ce voile a une signification et porte un discours politique incompatible avec l’humanisme et les valeurs universelles. C’est un marqueur d’infériorité et une déclaration d’hostilité au commun et à notre société.
Le voile est clairement aujourd’hui devenu un instrument utilisé par les intégristes pour marquer leur force et la pénétration de leurs idéologie. Ce faisant il soumet une seule partie de la population, les femmes.

Enfin, je considère que le voile (et je ne parle pas du petit foulard que certaines femmes souvent de la génération de nos parents portent) est devenu aujourd’hui un instrument d’affirmation religieuse dans son aspect le plus orthodoxe et ne reflète aucunement la spiritualité religieuse de l’Islam. Au contraire, elle est un marqueur de la radicalisation en cours. La visibilité de ces voiles montre la puissance et l’influence de ceux qui les imposent. C’est un outil de pouvoir et de pression.
Or le discours autour de la liberté du port du voile en font un simple accessoire de mode. Ce qu’il n’est pas.
Ainsi dans l’émission j’explique que c’est la signification objective du symbole que l’on porte qui compte, et que dire que chaque femme à son interprétation du voile est un mensonge éhonté, et qu’en tout cas, pour celles qui sont soumises à cette pression, la lecture est univoque: c’est une attaque contre leurs droits et leurs libertés.
C’est un peu comme si quelqu’un portant une croix gammée expliquait qu’il s’agit juste pour lui d’un symbole primitif de destruction appartenant au grand cycle de la vie.

Même si par hasard il était sincère (ce qui serait étonnant), pour tous les gens qui le croiseront, sa volonté de soutenir l’idéologie nazi serait claire et nous nous indignerons de ce que de tels symboles, qui témoignent d’une vision du monde où les êtres humains sont inégaux et qui consacrent une race de seigneurs et des inférieurs, puissent être exhibés dans la rue. Et il est très probable que les personnes munies de ce brassard écopent de regards de rejet.
On a raison de ne pas accepter l’inégalité entre humains à raison de la race et de rejeter les symboles de l’idéologie qui a porté au paroxysme cette logique; avec le voile, on est dans la même logique, mais il semblerait que revendiquer l’inégalité entre humains à raison du sexe soit plus acceptable.

Pourquoi? Parce que c’est culturel? Mais que va-t’on faire quand une culture utilise l’esclavage, ce qui est encore le cas dans certains endroits du monde? On va l’autoriser parce que ce serait reconnaître la diversité et la relativité de toute valeur?
Je comprends que ce que je dis là puisse blesser des femmes croyantes, mais il est temps qu’elles ouvrent les yeux.
S’il y a un Dieu, ce ne saurait être un obsédé sexuel qui ne se soucie que du corps des femmes et de ce que les croyants mangent. Ça ce sont les hommes qui instrumentalisent Dieu pour justifier leur domination.
Le voile est un outil de déstabilisation politique et d’aliénation personnelle, il empêche le commun. Il est normal qu’il suscite le rejet et l’ostracisation, tant que cela ne se traduit pas en agression des voilées. Il doit être combattu politiquement. Ce que je fais.

Pour autant je ne ferai jamais de mal à une femme qui le porte, même si elle le fait par militantisme, parce qu’aucun désaccord, aussi profond soit-il, ne justifie la violence physique.
Et je sais aussi que sortir de l’aliénation est long. La jeune femme voilée auprès de qui j’étais à la Grande Mosquée était soudanaise. Douce et timide, elle faisait ses premiers pas dans l’engagement militant et dans l’émancipation. Je suis sûre qu’un jour elle abandonnera ce voile car elle est en train de “grandir” en confiance, en force, en capacité à faire et à être, mais il lui reste encore du chemin.
Et ce n’est certainement pas en faisant de la question du voile un tabou que nous aiderons les femmes à s’émanciper. Il faut porter une parole politique ferme et claire, marteler le sens de cet outil d’oppression de la femme et dire clairement que lorsqu’on porte un signe signifiant le refus des principes et idéaux qui fondent notre société, c’est normal de ne pas arriver à trouver sa place.

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