Il se passe tous les jours quelque chose chez Groupama

La pression se faisait de plus en plus forte sur le conseil d’administration de Groupama SA. Depuis plusieurs mois, en fait depuis le lynchage de Jean Azéma, nombreux parmi les caisses régionales ou parmi le personnel étaient ceux qui insistaient sur le fait que toutes les décisions, pour contestables qu’elles puissent être, toutes les orientations, aussi démesurées et mégalomaniaques puissent elles avoir été, que l’ex n°1 avait pilotées n’étaient que le fruit de décisions du CA. Azéma n’a rien fait sans être ou mandaté ou couvert par une délibération du CA. Son éviction et son remplacement par son n°2 (qui peut être considéré comme « aussi fautif » si tant est qu’il y ait faute, les deux formant un binôme qui tirait dans le même sens) ressemblait fort, comme nous avions eu l’occasion de vous l’exprimer, à la recherche d’un bouc émissaire ou à l’activation d’un paratonnerre.

Eh bien, la foudre est tombée. En fait, c’est plutôt Jean-Luc Baucherel, à la fois président de la fédération nationale et du conseil d’administration, qui est tombé. Il a, dans un courrier interne, annoncé sa démission. Il y écrit notamment : « Après 38 ans d’engagement ininterrompu au service du mutualisme agricole, dont 10 années à la tête de Groupama Loire Bretagne et 8 années à la tête du groupe, j’ai jugé que le temps était venu de céder ma place à une équipe renouvelée pour me consacrer davantage aux miens ». Et voilà, petit à petit les acteurs de la folie des grandeurs, des rêves de « Groupama over the world », ceux qui vous parlaient d’une introduction en bourse record pour la place de Paris et d’effets de levier gigantesques sont éliminés ou ramenés à la raison.

En fait, cette démission date d’avant hier jeudi. Vendredi 25 mai 2012, avait lieu la réunion du comité central d’entreprise à l’occasion de laquelle la direction a présenté les modalités de reprise de Gan Eurocourtage par Allianz aux « représentants élus » des salariés.

Comme souvent dans ce contexte, les syndiqués CFDT n’ont pas la même perception du dossier que les CGTistes. Pour ceux-ci, la cession de Gan Eurocourtage est une erreur stratégique affaiblissant le groupe et ne répondant qu’à des considérations tactiques . Ce qu’ils expriment en dénonçant « la volonté de Groupama de se dessaisir de la seule entreprise qui lui créait des obligations. Si Gan Eurocourtage est cédé, Groupama n’a plus de fil à la patte avec les agences de notation ».

Si la CGT reste sur des considérations d’ordre général et stratégique en mettant en cause la cession elle-même, la CFDT, quant à elle, ne prend en compte que les modalités d’application de la cession. Et pour cela, semble, dans un premier temps, satisfaite. 634 salariés sont concernés, qui changeront de contrat de travail à la clôture de l’opération, mais bénéficieront d’une période de latence pendant laquelle ils ne changeraient ni de fonction ni de bassin d’emploi, Allianz s’engageant à créer une entité dédiée pour les accueillir. Si ce transfert collectif des contrats de travail serait désavantageux pour quelques uns des salariés, la centrale ne semble pas vouloir en faire un casus belli. A l’opposé de la CGT, la CFDT considère la cession à Allianz comme plutôt positive, insistant sur le fait que Eurocourtage, actuellement notée BBB-, rate un certain nombre d’affaires. Reprise par Allianz, notée AA, la société verrait instantanément sa note reconsidérée et son développement possible.

Il est donc probable que les 5 et 6 juin prochains, dates des prochains CEE de Groupama et Gan Eurocourtage, nous assistions à une remise d’avis défavorable de la part de la CGT et favorable de la part de la CFDT. Ce qui libérerait la direction de Groupama pour la poursuite de la cession. En effet, la procédure veut que la seule la non remise d’avis (positif ou négatif) bloque la procédure. La remise d’un seul (positif ou non) laisse à la direction tout loisir de poursuivre. Au vu de la réaction des deux principaux syndicats, il semble peu imaginable qu’ils s’accordent sur une procédure de blocage. Les uns prendront date par une grande déclaration de principe mais répondront, les autres demanderont le réexamen des conditions de transfert des contrats de travail pour les quelques salariés concernés et la cession poursuivra son chemin.

> Cet article est publié en partenariat avec MaVieMonArgent.com.

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1 Comment

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  • baillergeau , 28 mai 2012 @ 17 h 46 min

    Hors des enrichissements personnels, il faut laisser les dirigeants de côté.
    Le moment peut permettre de mesurer les failles du système qui n’ont pas permis aux élus de piloter véritablement le navire ou là où ils n’ont pas mesuré leur rôle réel.
    L’immense irresponsabilité des élus est trop évidente pour qu’ils la réalisent pleinement !

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