La semaine dernière, le Kosovo a rapatrié 110 personnes de Syrie. Elles étaient retenues dans un camp après s’être rendues aux Kurdes lors de la débâcle de l’État islamique. Le ministre de la Justice kosovar, Abelard Tahiri, a précisé qu’il y avait « 4 combattants, 32 femmes et 74 enfants dont 9 qui ont perdu leurs parents pendant la guerre ».
Il ajoute que ces personnes « méritent une réhabilitation et l’espoir d’une vie paisible et loin des conflits ». On se doute, en effet, que ces braves gens seront très à l’aise dans cet État fantoche, mi-mafieux mi-islamiste, né par la grâce des bombardements de l’OTAN en 1999 et arraché à la Serbie en toute iniquité. Cette intervention de l’OTAN, illégale et sans mandat de l’ONU, était « humanitaire », comme il se doit.
Elle avait donné lieu à une gigantesque désinformation des Américains et des pays européens, telle l’opération « Fer à cheval ». Il s’agit d’un document révélé par le ministre des Affaires Etrangères allemand, Joschka Fischer, détaillant un vaste plan d’épuration ethnique du Kosovo afin d’en purger les Albanais musulmans (on ne parlait pas encore des Kosovars, ces derniers étant, en réalité, des musulmans d’origine albanaise). Cette diffusion fut le dernier acte de propagande avant l’intervention de l’OTAN, qui bombardera massivement la Serbie, empêchant celle-ci de défendre son propre territoire.
Le Monde diplomatique, supplément mensuel du Monde, a d’ailleurs reconnu tout cela dans un article étonnant (et courageux) intitulé « Le plus gros bobard de la fin du XXe siècle ». Il va même assez loin dans le processus de vérité, citant des extraits du Monde de l’époque et appuyant sans pitié sur le sujet « Loin d’être des internautes paranoïaques, les principaux désinformateurs furent les gouvernements occidentaux, l’OTAN ainsi que les organes de presse les plus respectés. Parmi eux, Le Monde ». Sur ce sujet, on peut aussi se reporter à l’excellent livre de Nikola Mirković : Le martyre du Kosovo.
Toute cette triste affaire aura, contrairement à ce qui avait été annoncé vigoureusement à l’époque, abouti à la création d’un nouvel État qui a autoproclamé son indépendance en 2008. Les Américains y sont solidement installés, ont construit une de leurs plus grandes bases européennes, appelée Camp Bondsteel, et maintiennent sous perfusion une économie inexistante.
Ce sont, d’ailleurs, eux qui ont organisé le rapatriement des djihadistes de Syrie. L’ambassadeur américain à Pristina a salué cette opération, la qualifiant « d’exemple important à suivre »…
Espérons que non !
Antoine de Lacoste – Boulevard Voltaire