Le Prix Nobel de littérature, Jean-Marie Gustave Le Clézio, revient avec un recueil de conférences sur l’écriture et la lecture. Et nous livre sa vision du monde et de l’actualité.
Les élections européennes de 2019 en France sont-elles un enjeu important à vos yeux?
Je le crois, oui, parce que l’Europe est un beau projet, à condition d’en modifier la finalité, qui ne peut pas se satisfaire de l’Europe économique créée à Maastricht, mais qui doit devenir un raisonnable idéal de partage avec les nations défavorisées et ruinées par la pauvreté physique et par le nivellement culturel, dont une grande part, il faut nous en souvenir, provient de la traite des esclaves et de la colonisation.
Quel regard portez-vous sur le mouvement des Gilets jaunes?
Dans l’ensemble, j’ai de la sympathie pour des gens qui expriment leur colère sans ambages, dans un langage simple, par des actions désespérées, mais la violence qui éclate parfois dans le mouvement et la violente répression qu’il suscite me semblent dangereux, sans issue. […] Est-il normal que les enfants des immigrants qui ont créé la prospérité de la France soient traités comme des parias, désignés à la vindicte des racistes et des populistes, menacés d’être rejetés à la mer? Est-il normal qu’on craigne la pauvreté du monde comme si cela était une maladie contagieuse ?
Pensez-vous que l’extrême droite arrivera au pouvoir un jour en France?
Avec l’avancée des populismes, nous y allons tout droit.