Quel rapport entre la dissolution du Bastion social et l’interdiction de parole de l’Académicien Alain Finkielkraut à l’Institut d’études politiques (« Sciences po ») ? Aucun, me direz-vous. Les deux informations sont pourtant tombées en même temps : l’une révèle l’étonnante et tatillonne sévérité à l’égard d’un groupe identitaire agissant de façon parfaitement pacifique. L’autre montre l’intolérance, les menaces physiques, la violence, que font régner des groupes de gauche au sein de cet établissement public d’enseignement supérieur. Mais là, on ne parle nullement de dissolution. Pas plus qu’on ne parle de dissolution après les incroyables messages de haine et d’indécence propagés par l’UNEF, lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris (cf. l’action de l’AGRIF en cours).
C’est qu’un usage s’est instauré – ceci depuis des lustres – qui accorde une large tolérance à l’égard de toute manifestation de violence issue des rangs de la gauche, et qui réserve les foudres judiciaires aux associations, réputées de droite ou d’extrême droite, en cas de riposte à une agression, voire même s’il s’agit de simples actions spectaculaires, parfaitement pacifiques.
Gabrielle Cluzel, sur Boulevard Voltaire, et l’hebdomadaire Marianne ont raconté la chasse à l’homme pratiquée mardi par des groupuscules d’extrême gauche pour interdire d’expression Alain Finkielkraut.
« Censure populaire »
Finkielkraut est accusé de racisme, d’islamophobie, de sexisme, d’homophobie. Excusez du peu ! Des accusations qui tuent, et qui justifieraient donc la « censure populaire » exercée par la vingtaine de militants black blocs de Sciences po, se revendiquant de la pensée (sic !) de Méric, l’extrémiste de gauche, inscrit dans cette école, mort en 2013 d’une mauvaise chute, au cours d’une rixe dont ses amis black blocs et lui n’étaient pas étrangers.
Ce qui est frappant, c’est que l’accusation est formulée par des anarcho-staliniens, mais qu’au mieux, les deux parties sont renvoyées dos à dos. Dans le cas de Finkielkraut, les agresseurs et l’agressé sont donc traités à peu près sur le même plan. Les vingt encapuchonnés injurient, bousculent, frappent, cassent ce qu’ils trouvent à portée de main, le but étant précisément de créer autour de celui qu’ils ont pris pour tête de turc, en l’occurrence Finkielkraut (mais Eric Zemmour, Robert Ménard, Marcel Gauchet et bien d’autres ont subi des agressions, censures ou tentatives de censures de ce type), un halo de polémiques, de scandales, de violences. Extrémiser l’image de ces intellectuels, qu’ils soient conservateurs, de droite, catholiques, réactionnaires, ou simplement indépendants, c’est leur objectif. Et ils y parviennent parfois : ainsi le philosophe Marcel Gauchet a-t-il pu être présenté, dans les pages du quotidien régional La Nouvelle République, comme une sorte de gourou de l’extrême droite ! Bien évidemment aucun de ces censeurs n’avait jamais ouvert l’un de ses livres. Et l’impunité complète dont bénéficient ces blacks blocs de la pensée encourage les commandos.
Il est moins dangereux pour le gouvernement de dissoudre le Bastion social. On ne connaît pas exactement les griefs à l’égard de ce dernier mouvement, classé, lui, à droite. On nous apprend simplement que ce groupe était « dans le viseur présidentiel après la profanation du cimetière juif de Quatzenheim », alors même que cette profanation sent très fort la provocation, et qu’à ce jour les coupables ne sont pas identifiés.
Sept groupes étaient liés au Bastion social, dont Les Petits Reblochons, qui sont dissouts, eux aussi. On hallucine !