La malédiction de l’Hôtel-Dieu

Chauve, avec un fort embonpoint, essoufflé dès qu’il doit se remuer un peu et se considérant comme en fin de vie, c’est ainsi que nous est décrit le détective privé Brice Noval, héros du roman policier La Malédiction de l’Hôtel-Dieu. Nous sommes assez loin des stéréotypes du « privé ». Mais le vrai héros du roman de Jean-Jacques Nuel, ce n’est pas son détective, personnage somme toute statique et falot, davantage intéressé par le menu de la mère Brazier, le fameux restaurant lyonnais, que par l’enquête qui lui est confiée. Le vrai héros, c’est l’Hôtel-Dieu de Lyon, cet immense bâtiment dont l’impressionnante façade donne sur le Rhône.

Les adjoints au maire de Lyon sont assassinés les uns après les autres, et la dernière victime pourrait bien être le maire lui-même. L’assassin signe Childebert. Il s’oppose, semble-t-il, à la transformation de l’Hôtel-Dieu en hôtel de luxe et centre commercial. Le privé a donc été engagé pour protéger le maire.

Outre la place tenue par l’Hôtel-Dieu, l’autre attrait du roman est que son auteur nous raconte le Lyon qu’il aime. Il aime par exemple l’écrivain Henri Béraud (un obèse, lui aussi), et son détective exerce une sorte de chantage auprès du maire pour qu’il réhabilite l’écrivain lyonnais (qui fut condamné à mort en 1944). Trois ou quatre pages du roman sont consacrées à Béraud ! Rien que pour cela, ce « polar lyonnais » sans prétention mérite une place, dans toute bibliothèque béraldienne qui se respecte, à côté de On tue pour moins et du Crime du lundi de Pâques, les deux romans policiers de Béraud.

  • La Malédiction de l’Hôtel-Dieu, par Jean-Jacques Nuel, 2018, éd. Germes de barbarie, 619 rue Henri de Navarre 24 130 Le Fleix.

Francis Bergeron – Présent

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