Zineb El Rhazoui, la femme la plus protégée de France!

Ne comptez pas sur moi pour entrer dans des polémiques politiciennes minables sur ses choix professionnels, ses appartenances ou sa binationalité : je ne vois qu’une femme très courageuse et très lucide*.

Cette journaliste franco-marocaine ose proclamer qu’il « faudrait arrêter d’accepter que ces pleurnichards de la stigmatisation nous imposent leur standard », faisant allusion à tous ceux qui, derrière leurs burqas ou leurs barbes, nous imposent leur standard radicalisé comme étant le standard de toute une identité dans ce pays.

Pour elle, il est temps de se poser les questions du « pourquoi l’islam sécrète cet islamo-fascisme ? » et, plus particulièrement, du « pourquoi la France produit cette idéologie de mort ? »

La réalité est que la France est prise en otage et qu’elle « n’a pas de leçon à recevoir de ces assassins dont la plupart sont alignés avec des pays qui sont bien plus racistes qu’elle-même ». Il faut cesser de taxer de racisme tous ceux qui s’en prennent à l’islam radical ; d’ailleurs, l’islam tout court, quand il sort de la sphère privée, pour prétendre régenter la société (et particulièrement « notre » société), contient en lui-même des menaces pour la démocratie. Ne dit-elle pas clairement : « Nous devons comprendre qu’il est temps d’arrêter de transiger sur les violations faites à la démocratie, à l’égalité hommes-femmes au nom du différentialisme culturel » ?

Le mal serait donc d’abord chez nous, avec cette jeunesse qui cède aussi facilement à cette idéologie de mort, et ce n’est pas avec les bombardements en Syrie que l’on résoudra ce problème qui nous est propre.

Et quand on pousse cette journaliste dans ses derniers retranchements en lui opposant les cas de la Turquie et de la Tunisie (considérées comme des exemples de modernité), elle n’hésite pas à dire que nous nous faisons des illusions quand nous considérons que l’islam est compatible avec les formes modernes de la démocratie, étant donné qu’il ne s’est pas véritablement réformé depuis le Moyen Âge : la laïcité de l’État turc a été abandonnée depuis belle lurette (l’État y contrôle la religion dominante – à savoir le sunnisme – en la favorisant et le port du voile y est désormais autorisé partout) ; quant à la Tunisie, celle-ci continue à considérer que la femme doit recevoir deux fois moins que l’homme lors d’un héritage car la Constitution de ce pays déclare toujours que l’islam est la religion officielle de l’État…

J’attribuerais bien plus volontiers la Légion d’honneur à madame Zineb El Rhazoui qu’au prince saoudien, qui se l’est vu octroyer par une extrême complaisance mercantile…

À ceux qui contesteraient, bien tranquillement assis devant leur écran, mes prises de position, je leur rétorquerais volontiers qu’avec de telles réactions, à l’époque, ils auraient certainement fait partie de ceux qui ont lâchement abandonné les harkis à leur triste sort…

Zineb El Rhazoui vient de sortir un livre, aux Éditions Ring, où elle donne la parole aux témoins du 13 novembre, et dont je vous conseille particulièrement la préface.

 

  • *Elle n’a de cesse de combattre l’obscurantisme, le fondamentalisme et le fanatisme des religieux de tous bords, et nt surtout celui des islamistes. Et elle en paie le prix, devant vivre sous (forte) protection policière en permanence. La journaliste et militante des droits de l’homme Zineb El Rhazoui vient de publier 13, Zineb raconte l’enfer du 13 novembre (Ring éditions), qui recueille des témoignages de victimes des attentats de Paris. Elle-même, journaliste de Charlie Hebdo, a échappé à l’attentat commis par les frères Kouachi le 7 janvier 2015 parce qu’elle était en vacances.

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