Minute consacre un article à la proposition de loi du député LREM Laetitia Avia, avec l’appui du gouvernement, permettant de transformer les plates-formes en organes de censure et de délation au service du gouvernement.
Un nouveau statut juridique les contraindra à retirer rapidement les contenus réputés « haineux » et à identifier « dans les meilleurs délais »leurs auteurs, faute de quoi elles s’exposeront à de lourdes sanctions : celles-là pourront aller jusqu’à 37,5 millions d’euros d’amendes (une aubaine pour le Trésor public !). Les personnes ayant tenu des propos réputés racistes ou antisémites seront interdites sur les réseaux sociaux.
Guillaume de Thieulloy, directeur du Salon beige, est interrogé sur le sujet :
« Les patrons de plate-forme seront comptables de tout ce qui y sera écrit. Concrètement, cela signifie que tout ce qui sera dissident sera interdit de réseau Twitter. En effet, la méthode la plus simple pour modérer l’information [effacer les messages indésirables ou illégaux, ndlr], c’est de modérer a priori en interdisant l’accès aux réseaux sociaux à ceux qui seraient susceptibles de diffuser des contenus incorrects. »
« La proposition de loi prend prétexte de la lutte contre l’antisémitisme, mais l’on peut prévoir que l’on ne s’arrêtera pas là et que les contenus qualifiés de “complotistes” seront concernés à leur tour, sachant que le complotiste est celui qui ne pense pas comme le pouvoir. Macron lui-même est complotiste, lorsqu’il voit des Russes partout ; mais il y a les complots que l’on a le droit d’évoquer… et les autres. »
Guillaume de Thieulloy ajoute :
« Ils n’arriveront d’ailleurs pas à la mettre en pratique. Si le Salon beige n’a plus de compte Twitter, il sera remplacé par un compte Twitter du Salon belge ou du Saloon beige : au lieu
d’en avoir un, nous en créerons quinze ! Et si nous sommes finalement complètement interdits, nous pourrons toujours passer par les Russes ou utiliser les réseaux VPN [réseaux privés virtuels, non contrôlés par le gouvernement, ndlr], par exemple. Pour l’éviter, il faudra qu’ils emprisonnent les gens : ça risque d’être compliqué ! »
La fuite en avant a peu de chances d’aboutir :
« Elle risque au contraire d’entraîner ce que l’on appelle l’effet Streisand : les internautes s’intéressent d’autant plus à une information que l’on a tenté de l’étouffer. Un peu comme la pomme de terre sous Louis XVI : il a suffi de l’interdire pour que les Français s’y intéressent. »
Demain, grâce à Macron, le Salon beige deviendra-t-il la nouvelle pomme de terre d’Internet ?
« Ce serait le seul point commun entre Macron et Louis XVI. Louis XVI, lui, était légitime ! »