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Dany le rouge qui vole au secours d’Emmanuel l’« arc-en-ciéliste » ? Pas de quoi sursauter, sachant que le petit Dany n’a, finalement, rien renié de ses idéaux de jeunesse, ayant seulement enflé dans les grandes largeurs ceux qui, un temps, avaient pu croire en lui.
Cet éternel faux trublion, ce sont encore les « écolos-gauchistes » du mensuel La Décroissance qui en parlent le mieux : « Canada Dry de la politique : ça a la couleur de la rébellion, l’odeur de la rébellion, le goût de la rébellion, mais ce n’est pas de la rébellion ; c’est juste l’idéologie capitaliste classique sous une face souriante et décoiffée. Un produit marketing redoutable… » On ne saurait mieux dire.
Certains auront beau dénigrer les « soixante-huitards », il n’y avait pas que du mauvais dans ce fameux esprit de Mai, qui avait autrement plus de gueule que celui de Charlie. Lutte contre la société de consommation ? Guy Debord avait à peu près tout dit sur le sujet, avant de se noyer dans le vin, faute de ne pas avoir été entendu. À l’époque, le retour à la terre, sorte de revival néo-pétainiste consistant à singer les communautés constituées d’autrefois, avait aussi quelque chose d’éminemment sympathique, nonobstant les rigueurs climatiques : le Larzac est toujours plus convivial en été qu’en hiver.
Le jeune Dany, avant d’être de plus en plus vieux – notre lot à tous –, était donc à l’époque un peu plus libertaire que libéral. Il prônait la libéralisation de la sexualité pour les gamins, tandis que son frère aîné, Gabriel Cohn-Bendit, faisait la retape pour le professeur Robert Faurisson dans les colonnes de Libération. Entre les chambres d’enfants et celles à gaz, la fratrie Cohn-Bendit ratissait large en matière de liberté d’expression.
C’était le « contexte » de l’époque, assurent-ils aujourd’hui…
Puis, les années passant, le retour aux réalités et l’occasion de comprendre enfin qu’un internationalisme de jeunesse est parfaitement compatible avec le mondialisme ambiant, à quelques accommodements près, évidemment, histoire de sauver les apparences. La preuve par ATTAC, mouvement autrefois donné pour « antimondialiste », avant de devenir « altermondialiste »…
Il est donc parfaitement logique que le plus roux de nos juifs-allemands puisse s’entendre comme larron en foire avec le plus zozotant de nos candidats post-nationaux. « Dans les prochaines années, l’Europe aura besoin d’immigration en raison de son évolution démographique et de son vieillissement. » Verbatim de Daniel Cohn-Bendit.
De tels propos et un tel ralliement pourraient-ils ouvrir un boulevard électoral à François Fillon ? Pas sûr, avec un Benoist Apparu en porte-parole et la promotion d’une Nathalie Kosciusko-Morizet ; lesquels ânonnent globalement les mêmes inepties. Mais comme il faut bien continuer de faire illusion, on dira que si un Macron de gauche est proche de SFR et un Fillon de droite d’AXA, les deux sont globalement les obligés du CAC 40…
À la place des vieux de Mai 68 et des jeunes de Sens commun, on se pendrait haut et court dans la demi-heure. C’est d’ailleurs ce que fit, il y a bien longtemps un certain Michel Recanati qui, ayant cru aux belles paroles de Dany le rouge, a préféré plus judicieux de se jeter sous un train, un triste 23 mars 1978. Lui avait déjà tout compris et a préféré mourir à trente ans, titre du film que Romain Goupil lui consacra peu de temps après.
La messe était déjà dite. Mais qui s’en souvient encore, hormis les adeptes du comique de répétition ?
Nicolas Gauthier – Boulevard Voltaire