Film / Le secret de soeur Angèle (1956)- (Vidéo)

 

Par Alain Sanders

Réalisé par Léo Joannon, Le Secret de sœur Angèle est sorti sur les écrans (au Colisée et au Marivaux) le 21 mars 1956. Les dialogues sont de Léo Joannon et de quelqu’un qui nous est cher à divers titres (Indo, Algérie, Pierre Fresnay), Roland Laudenbach.

La distribution de ce film à (re)découvrir est prestigieuse : Sophie Desmarets (dans le rôle de sœur Angèle), Ralf Vallone, Mary Marquet, Berthe Bovy, Aimé Clariond, Jean Brochard, Marie Elbe, etc.

Diplômée de médecine, sœur Angèle, qui n’a pas encore prononcé ses vœux, réside près de Paris. Sa congrégation l’a chargée de s’occuper d’enfants nécessiteux. Un jour, alors qu’elle quête, elle est témoin du meurtre d’un antiquaire, apercevant même le coupable en train de s’enfuir.

On lui confie, au même moment, le soin d’aller accueillir des religieuses qui débarquent à Marseille, avec de petits orphelins eurasiens rescapés de la guerre d’Indochine. Le hasard (sœur Angèle dit « la Providence ») fait qu’elle croise, dans le train, le meurtrier en cavale. Il s’appelle Marcello, il est italien. Ancien légionnaire en Indo, il explique avoir assassiné l’antiquaire parce que ce dernier l’avait escroqué de toutes ses économies durement acquises.

Sœur Angèle compatit. D’autant qu’entre eux le courant passe (on a eu soin de nous dire au départ qu’elle n’avait pas encore prononcé ses vœux). Mais sœur Angèle ne vacille pas, s’appliquant tout au contraire à convaincre Marcello de se rendre à la police.

Ce film est adapté du roman éponyme (cosigné avec Léo Joannon) d’Henri Catalan, auteur d’une série policière, la série des « Sœur Angèle », publiée au Masque. Sœur Angèle est l’une des premières – sinon la première – nonnes détectives de la littérature policière.

De son vrai nom Henri Dupuy-Mazuel (1885-1962), Henri Catalan, écrivain prolifique (de nombreux romans historiques à succès) réserva son pseudonyme aux aventures de sœur Angèle.

Avant d’être religieuse, notre Angèle a été le docteur Angèle Persent d’Erigny. Jusqu’au jour où elle trouve la vocation. Mais pas pour s’enfermer dans un couvent. Elle vit donc des aventures, toujours édifiantes, certes, mais racontées avec le même humour que l’on discerne dans ses yeux qui éclairent une frimousse constellée de taches de rousseur. Quelques titres pour découvrir notre détective en cornette (eh oui, nous sommes dans les années cinquante-soixante…) : Le Cas de sœur AngèleSœur Angèle et les fantômes de ChambordSœur Angèle et ceux de la mouiseSœur Angèle et les roses de NoëlSœur Angèle et l’angélus du soir, etc.

De nombreux titres et, on le comprend, de quoi donner des suites au Secret de sœur Angèle. Mais cette première adaptation cinématographique n’ayant eu qu’un succès relatif, on en resta là, hélas ! C’est bien dommage car cette sœur de Saint-Vincent de Paul (les Filles de la Charité) aurait mérité une longue postérité sur nos écrans. Mais allez faire passer au ciné – et déjà dans les années cinquante-soixante – un personnage qui invoque le Bon Dieu, qui se signe et qui dit son chapelet : « Sœur Hersent d’Erigny, Fille de la Charité, commença à dire son chapelet pour demander à la sainte Vierge de protéger dans leur expédition peu conformiste le jeune magistrat et le gros greffier » (dansSœur Angèle et le redresseur de torts).

En revanche, de nombreux romans d’Henri Dupuy-Mazuel, alias Henri Catalan, ont fait l’objet d’adaptations cinématographiques par Jean Renoir, Raymond Bernard, André Hunebelle, Jean Dreville (Le TournoiLe Joueur d’échecsLe Miracle des loups, etc.).

Related Articles