Entre McCarthy, DSK et Charlie Hebdo, c’est à une étrange série de passion sodomite à laquelle nous venons d’assister. Le crime de sodomie était jadis passif du pal, quand on était puni par là où on avait péché. Acte que Freud qualifie de perversion, dès lors qu’on a le choix entre les deux conduits, quoique… des raisons pratiques et culturelles peuvent s’interposer. Ceux qui firent la guerre d’Algérie et y fréquentèrent les bordels savent ce que désignait, pour les prostituées juives et mahométanes, « se le faire mettre dans le petit ». Il fallait arriver vierge au mariage. De nos jours, les filles volages en terres d’islam vont se faire recoudre l’hymen.
Le cas McCarthy est différent. « L’artiste » communicant est venu déverser ses déjections sur la plus belle place de Paris parce qu’on ne le laisse pas faire ses saletés aux États-Unis. Comme ses compatriotes puritains c’est un refoulé de la génitalité, d’où le transfert sur les sex toys et autres ersatz pornographiques et marchands de l’amour, en lieu et place de rapports sexuels libres et gratuits, entre personnes de sexe opposé dans la tradition libertine européenne.
Remarquons que « plug anal » est un non-sens, un plug est toujours anal, sauf exceptions, et ce sont les messieurs qui s’en servent, ces dames lui préférant les godemichés (dildos) pour des raisons anatomiques qu’il n’est besoin de rappeler. Preuve s’il en est, dans l’ignorance des commentateurs même, de l’extension à tous de l’imaginaire homosexuel.
Des dessins de Charlie Hebdo les plus abjects, on retient ceux représentant des prêtres, ou Benoît XVI en personne, sodomisant des enfants. L’obsession sodomite à Charlie va avec le goût conjoint d’y dessiner des enfants en position de faire la chose. C’est la même génération qui voulait dépénaliser le sexe entre adultes et enfants. Il était interdit d’interdire et il fallait plier devant la volonté de profanation – rendre profane les choses sacrées – donc celles de la religion en premier, mais aussi de la décence ordinaire ou du bon goût. La sodomie, pour ces gens-là, n’était que le summum de la provocation, de la tabula rasa, du désir de tout détruire.
DSK aime à sodomiser ses partenaires à la manière rude, et comme qui dirait à l’insu de leur plein gré, et même qu’elles le sentaient passer, l’animal. Une sexualité rude, pour dire que DSK aime humilier et violenter celles qui succombent à ses charmes. Dans le sexe, uniquement ? Qui peut croire à la séparation entre le personnage public et les pantalonnades du privé, et la goujaterie du mâle à l’ancienne qui s’y déploie.
La sodomie est tout ça à la fois : une pratique culturelle, un ersatz pour les homosexuels et les coincés de la génitalité, la transgression ultime pour les professionnels de la rébellion, et surtout le symbole de la synthèse libérale-libertaire dont DSK, en moderne Golem, est devenu le parangon.
Sade, grand sodomite devant l’éternel, a compris en visionnaire, et pour s’en délecter, la perspective de liberté sans contraintes ouverte par les Lumières, et il la pratiqua sous forme de délices antinaturels et d’abominations criminelles, et Pasolini pour la dénoncer dans Salò ou les 120 journées de Sodome (1976), d’après le même Sade, quand libertarisme et libéralisme se rejoignent dans un fascisme de marché où tous les désirs sont permis et tous les plaisirs assouvis.