France, terre d’asile ! Ils en ont plein la bouche, de ce slogan. Un slogan qui fait le bonheur d’une myriade d’associations grassement subventionnées par nos impôts, ce qui, du reste, ne les empêche pas de faire la morale et de claquer la porte à cet État nourricier lorsqu’il décide – enfin – de faire son travail. On l’a vu en décembre 2017 quand le ministère de l’Intérieur annonça son intention de recenser les personnes accueillies en hébergement d’urgence.
« Asile ! Asile ! Nous sommes plus de mille aux portes de la ville. Et bientôt nous serons dix mille et puis cent mille et puis des millions. » Des paroles tirées de la comédie musicale Notre-Dame de Paris, inspirée de l’œuvre de Victor Hugo. La France se doit d’accueillir toutes les Esmeralda du monde. Celles qui sont persécutées. La France l’a toujours fait, mais cela ne suffit plus. Il faut, aussi, accueillir les Esmeralda du monde – en général, des « Esmeraldos » – qui n’ont pas de travail, qui ont leur conjoint ou leur petit cousin déjà dans la place, qui ont trop chaud dans leur pays… Quasimodo ne sait plus où donner de la tête, hurlant du haut de sa tour : « Asile ! Asile ! »
Et en même temps, France, terre d’exil.
Je lisais, dans Le Figaro du 25 janvier, l’interview du grand reporter français David Thomson, auteur du livre Les Revenants, paru en 2016, et pour lequel il a été récompensé du prix Albert-Londres. Une enquête sur le parcours des djihadistes français revenant de Syrie et d’Irak. Faisant l’objet de menaces de mort à cause de son travail d’investigation journalistique, à bout psychologiquement, il a quitté la France en 2017 pour trouver refuge aux États-Unis. Vous savez, ce pays dirigé par Trump, la version blanche de Kim Jong-un ! Asile, Asile…
Et puis, il y a ces milliers de juifs français qui décident de faire leur aliyah en partant s’installer en Israël. Ils étaient 5.000 en 2016. 40.000 depuis 2006. La montée d’un certain antisémitisme, l’insécurité, les attentats islamistes – même si ce ne sont pas les seules raisons – concourent à entretenir un flux non négligeable pour une communauté comptant entre 500.000 et 600.000 personnes. Et que dire de l’exode intérieur ? Le responsable d’une petite communauté israélite déclarait à La Croix, en novembre 2017, qu’en dix ans, plus de la moitié des juifs de Seine-Saint-Denis a quitté ce département.
On pourrait aussi parler de ces retraités qui s’exilent à l’étranger, notamment au Portugal. L’air y serait plus léger, les impôts moins lourds, la sécurité plus grande. De quoi attirer. Un reportage de BFM TV, diffusé en novembre 2017, estimait à 40.000 le nombre de ces exilés. Et puis, à l’autre bout de la chaîne des générations, il y a tous ces jeunes diplômés persuadés que leur avenir est ailleurs, à l’étranger. En 2015, ils étaient 21 %, contre 13 % en 2012, à le penser. Certes, la France a quatre fois moins d’expatriés que la Grande-Bretagne, mais le niveau de diplômes des jeunes Français s’expatriant est plus élevé que celui des étrangers qui viennent en France, comme le soulignait un article du Monde, en mai 2016.
Enfin, il y a cet exil très bien décrit par Christophe Guilluy dans La France périphérique : cet exode des classes populaires, « petits Blancs », vers les zones périurbaines. Pas besoin de lire des tonnes de livres. Il suffit, par exemple, de regarder un film du début des années 60 et un tourné à notre époque, tous deux ayant pour décor les rues de Paris ou de sa banlieue… Des millions, peut-être, qui ont pris leur chariot pour d’autres contrées en restant dans l’Hexagone – pardon, en France.
« Sur les bords des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion » (Psaume 137). Asile ! Asile ! Pour les Français.