Les aventuriers du désert ! Depuis toujours les serpents, qu’ils fascinent ou provoquent la répulsion, ont toujours eu mauvaise presse. Dans ce dessin animé « made in France », le réalisateur Pierre Coré tente de réhabiliter ces bestioles et d’en faire des héros attachants (ce qui n’est pas gagné) grâce aux aventures que vont vivre Ajar, cobra au corps d’un bleu plus bleu que les fesses d’un Schtroumpf, voire qu’un steak pas cuit, et son copain Pitt, scorpion dont le venin de son aiguillon n’envoie personne ad patres mais dans les bras douillets de Morphée.
Deux losers, deux « pas finis », qui, lassés d’être les souffre-douleur de leur communauté des Sableux, décident de s’aventurer dans l’oasis interdite où vit la « haute bourgeoisie » du désert saharien. Une oasis où Ajar va tomber en amour pour une belle serpente, plus fine qu’un scoubidou détortillé et aux courbes affriolantes d’un vert émeraude, Eva. Lorsque celle-ci est enlevée par l’affreux charmeur de serpents, Omar, pour rejoindre son harem de serpentes-danseuses, le sang froid d’Ajar devient chaud et ne fait qu’un tour. Pour Ajar et son inséparable Pitt commence une traversée du désert périlleuse pour sauver la belle Eva des pattes du maléfique Omar à la flûte ensorceleuse…
Désert vivant ! Sur le thème désormais récurrent de la confrontation des classes, de l’exclusion et du poids des « différences », Pierre Coré tente donc de rendre attachants ces « rampants » auprès du jeune public. Pas sûr que celui-ci soit charmé. D’autant plus que, même si les images et l’animation n’ont rien à envier aux studios américains et même si le réalisateur est allé chercher un casting de « célébrités » du moment pour les voix (Omar Sy, Louane, Vincent Lacoste, Clovis Cornillac, Jean Dujardin ou encore Marie-Claude Pietragalla et Mathilde Seigner pour ne citer qu’eux), tout ça manque d’un grain de folie : l’histoire est aussi plate qu’un paysage hollandais et n’a pas plus d’énergie qu’un édredon. Résultat, on se demande pour qui sont ces serpents qui sifflent, en roue libre, sur l’écran. Sssssssh (sortie en salles le 1er février).
Pierre Malpouge – Présent