Au Royaume-Uni, la nouvelle loi de surveillance de masse dite des pouvoirs d’investigation fait débat. Ce texte qui vise à renforcer la lutte contre le crime organisé et le terrorisme donne la possibilité à des autorités de surveillance d’accéder aux données personnelles de la population. Des pouvoirs jugés excessifs par les ONG, mais aussi par la Cour européenne de justice qui en décembre dernier, a condamné cette rétention généralisée et indiscriminée des données.
Dans une vidéo tournée dans les rues de Londres par l’ONG de défense des droits civiques britannique Liberty, on découvre de manière cocasse les conséquences de la nouvelle loi de surveillance de masse, dite des pouvoirs d’investigation, en vigueur au Royaume-Uni.
Une comédienne aborde les passants avec un téléphone doté d’une petite parabole et prétend ainsi mettre la main sur le contenu de leurs téléphones portables, leurs données de communication ou se connecter à leur compte bancaire. Ses “victimes” sont incrédules et inquiètes.
Dans les faits, la nouvelle loi de surveillance de masse, surnommée “loi des fouineurs”, vise à renforcer la lutte contre le crime organisé et le terrorisme et permet aux services de police et de renseignement, mais aussi à une quarantaine de services publics allant de l’agence de sécurité alimentaire aux services de santé ou aux caisses de retraite, d’accéder aux données personnelles de la population. Du jamais vu.
“Nos données de communication – à qui on envoie des mails, qui on appelle, à qui on envoie des sms, quand, et toute notre activité sur internet – peuvent être accessibles même sans suspicion de crime grave”, souligne Silkie Carlo, l’une des porte-parole de Liberty. “Les autorités de surveillance ne sont même pas obligées d’identifier leurs cibles, donc la police et les agences de renseignement peuvent pirater un ordinateur ou des milliers d’ordinateurs sans avoir à identifier les personnes visées”, poursuit-elle. De plus, elles ne sont pas tenues de informer ces gens qu’ils ont fait l’objet d’une surveillance ; donc, il va y avoir des milliers de personnes qui pourront être surveillées, on pourra faire intrusion dans leur vie privée, pirater leur téléphone, intercepter leurs appels, elles n’en sauront rien et ne le sauront jamais,” s’indigne-t-elle.