Depuis plusieurs jours, la Saxe est le théâtre d’un débat pour le moins original. L’objet du scandale est une tige en caoutchouc souple d’environ 30 centimètres, disponible dans différents coloris, et dont la caractéristique principale réside dans sa discrétion : ce vibromasseur, contrairement aux produits du genre classiquement vendus en magasin, est particulièrement silencieux.
Cela semble constituer une telle révolution sur le marché des plaisirs solitaires que l’organisation FutureSax, créée en 1999 et destinée à accompagner et récompenser les start-ups innovantes, a attribué son troisième prix annuel aux concepteurs de l’engin. Le prestige est de taille. Néanmoins, la distinction fait l’objet d’un soutien financier officiel du ministère de l’Economie de Saxe… de quoi faire se dresser les représentants du parti Alternativ für Deutschland (AfD), qui se pose en défenseur des mœurs et de la famille.
«Si vous tenez le développement d’un vibromasseur silencieux pour quelque chose d’innovant au point de lui attribuer un prix officiel, alors je me demande quelle est votre conception de la technologie», a réagi le chef de file du parti en Saxe, Thomas Hardung.
L’affaire aurait pu s’arrêter là, mais l’AfD a lancé une offensive médiatique afin de dénoncer la récompense attribuée au «vibro-Dulig», du nom du ministre de l’Economie de Saxe, membre du Parti social-démocrate (SPD). «Le SPD veut se poser en défenseur des familles : c’est précisément tout l’inverse de ce dont il s’agit ici», a déclaré Thomas Hardung.
Le ministère a réagi par l’intermédiaire de son porte-parole, critiquant le «retour au code moral des années 1950» que souhaiterait, selon lui, les responsables de l’AfD. «Cela en dit long sur ce parti», a-t-il ajouté, évoquant les rapprochements qu’établissent souvent les médias et les politiques allemands entre l’AfD et les mouvements fascistes.
En dépit des polémiques et des débats que suscitent ses prises de position parfois à contre-courant des autres partis, l’AfD connaît une poussée électorale sans précédent en Allemagne. Lors des dernières élections en Saxe en 2014, le parti a recueilli près de 10%, alors qu’il se présentait pour la première fois.