La mort de Louis XIV est un drame historique franco-portugais, qui entend représenter le dernier mois de Louis XIV, en août et septembre 1715. L’acteur principal, Jean-Pierre Léaud, interprète avec un brio indiscutable un vieillard malade, souffrant atrocement, qui essaye de rester digne, et d’une dignité royale. Les costumes, de Louis XIV comme des courtisans, les énormes perruques en particulier, peuvent faire illusion durant quelques minutes.
Le problème majeur de cette mort de Louis XIV vient de la surabondance des erreurs historiques manifestes. Le film est donc une coproduction franco-portugaise. Pourquoi pas ? On aurait toléré quelques personnages portugais, réels voire imaginaires, à la cour de Louis XIV en 1715. Ils n’auraient rien eu d’aberrant. Par contre des personnages français, même méridionaux, s’exprimant avec l’accent portugais, constituent une impossibilité pour la France de 1715. De plus le tournage a été réalisé dans des châteaux plus méridionaux que Versailles : le décor, forcément approximatif, n’est pas si fautif en soi. Mais l’on n’entendait pas le chant des cigales à l’été 1715 en Ile-de-France, ni encore aujourd’hui, alors que nous connaissons un climat plus chaud que durant le « Petit Age glaciaire », qui atteint son apogée précisément à l’époque de Louis XIV. Les personnages de courtisans sont très largement imaginaires. Ils se rapprochent de personnages connus, mais pourquoi alors ne pas avoir repris les titres historiques et en avoir inventé d’autres ? Ils font faux, pour la haute noblesse française comme pour celle d’Europe…Pourquoi par exemple un « duc d’York » pour le maréchal de Berwick, grand militaire d’origine britannique en effet au service de la France, puisque jacobite exilé par la Révolution orangiste de 1688 ?
Toutes ces fautes s’accumulent et exaspèrent le public le mieux disposé. Or, l’emploi du temps de Louis XIV, le décor, les personnages qui l’entourent, tout ceci bénéficie d’une masse de documentation considérable, facile à consulter. Il aurait suffi pour commencer de relire François Bluche son biographe, sans parler de Saint-Simon, pour éviter tant d’extravagances ! En outre, la langue est fautive, trop moderne. Les expressions sont erronées : jamais des médecins de Louis XIV n’auraient dénoncé « l’obscurantisme médiéval » d’un charlatan, l’expression relevant du langage scientisme du XIXème siècle ! Bref, et c’est dommage, à l’exception de la seule composition de l’acteur principal, tout sonne absolument faux dans cette mort de Louis XIV.