Le recyclage est à la mode, développement durable oblige. Tout se recycle, les livres pilonnés pour en refaire du papier, les bouteilles d’eau minérale transformées en vêtements, les pneus usagés sublimés en bacs à fleurs, etc. Bref, des actions qui correspondent à la définition du mot « recyclage » du Petit Larousse (édition 2004) : « Action de collecte des déchets pour les valoriser, les réutiliser ou les réintroduire dans le cycle de production dont ils sont issus. »
Une définition qui pourrait s’appliquer également à certains hommes politiques, mais certainement pas aux « lieux de culte » et plus particulièrement aux églises qui n’ont rien à voir avec la notion péjorative de déchet. C’est pourtant le terme employé depuis des années au Québec pour qualifier les reconversions des sanctuaires avec réaffectation, redistribution ou requalification des espaces. Et c’est maintenant au tour des défenseurs de notre patrimoine religieux d’utiliser le même langage, comme j’ai pu le constater lors du dernier Salon du patrimoine culturel.
Un terme volontairement provocateur, utilisé à dessein pour alerter l’opinion publique, mais aussi les communes responsables de l’entretien des églises depuis la funeste loi de 1905… et le clergé français responsable de leur remplissage en ces temps où l’islam prend de plus en plus de place dans notre pays.
Un constat alarmant
Qu’il s’agisse des architectes des Bâtiments de France témoins de l’état d’abandon et de délabrement de nombreuses églises, des responsables de l’Observatoire du patrimoine religieux ou des responsables d’associations qui ne peuvent pas se résoudre à voir des églises démolies à coups de pelleteuses puis transformées en parking, ils sont unanimes pour déplorer la situation intolérable dans laquelle se trouvent nos églises. Raison pour laquelle, d’ailleurs, Karim Ouchik a décidé de créer l’association SOS Eglises de France (voir son entretien dans Présent du 5 novembre 2016).
Souvent désertées par les paroissiens quand elles ne menacent pas ruine faute d’entretien ou qu’elles ne sont pas tout bonnement détruites comme Saint-Jacques d’Abbeville ou Saint-Pierre-aux-Liens de Gesté, nos sanctuaires devraient demeurer l’enjeu patrimonial de ce début de siècle, mais ils n’en prennent pas le chemin.
Le constat est sans appel. 19 églises ont purement et simplement été détruites entre 2010 et 2015, 200 autres pourraient subir le même sort d’ici à quelques années. Et l’on peut redouter que 5 000 à 10 000 églises ou chapelles soient promises au même traitement d’ici à 2030. C’est ce qui ressort d’un récent rapport sénatorial. Alors, que faire ? Accepter que ces symboles de la France chrétienne, de cette France des terroirs et des clochers disparaissent de notre paysage ? Les brader au plus offrant au moment où les musulmans de France sont en embuscade à la recherche de nouveaux lieux de prières ? Accepter que ces lieux, une fois désacralisés avec l’accord des autorités religieuses, deviennent des musées, des galeries d’art ou des centres culturels ? Le cas de l’église Saint-Bernard de Lyon est exemplaire de ces dérives et de la volonté des autorités que ces églises ne soient pas cédées au courant traditionaliste (voir Présent du 23 novembre). Une association du nord de la France a vu récemment le jour et ses membres, choqués par la destruction volontaire de Saint-Jacques d’Abbeville, se proposent de redonner vie à des églises désaffectées. Ils ont ainsi sauvé, à Tourcoing, l’église Saint-Louis ; un compagnon du devoir, maître couvreur de son état, l’a achetée, la sauvant ainsi de la destruction. Le tout en bonne intelligence avec l’évêché et avec la volonté de ne pas rompre avec la tradition architecturale précédente.
Transformation en mosquée, danger
La transformation d’une église en mosquée reste rare mais tout le monde doit garder présente à l’esprit la transformation de Sainte-Sophie en mosquée. Et notre pays n’échappe pas à la règle. Il y a une dizaine d’années, la chapelle Saint-Christophe à Nantes était convertie en mosquée. Plus récemment, le maire UMP de Nîmes a vendu un temple protestant à une association musulmane qui en a fait la mosquée de la Paix. Tout un programme ! A Clermont-Ferrand, les musulmans ont occupé pendant près de 35 ans la chapelle du Bon Pasteur avant de la restituer aux religieuses qui l’avaient aimablement mise à leur disposition. Mais selon Maxime Cumumel, de l’Observatoire du patrimoine religieux, certains diocèses de France, propriétaires de quelque 5 000 églises, souvent construites au XXe siècle, seraient disposés, pour des raisons financières, à en vendre un certain nombre aux responsables du culte musulman.
Des dispositions qui doivent ravir d’aise Dalil Boubakeur, président français du culte musulman qui, lors du ramadan 2015, a suggéré de transformer des églises vides en mosquées. Des propos reçus cinq sur cinq par Mgr Dubost, évêque d’Evry, déclarant qu’il préférait voir les « églises transformées en mosquées qu’en restaurants ». Si Mgr Dubost et tous les curés progressistes qui avaient pris fait et cause pour le FLN dans les années 60 et jeté leurs soutanes aux orties, avaient rempli leur mission, la question ne se poserait pas. Les églises seraient pleines et des jeunes Français ne se convertiraient pas à l’islam. Comme l’écrivait Georges Bernanos dans Français, si vous saviez : « Je le dis, je le répète, je ne me lasserai jamais de proclamer que l’état du monde est une honte pour les chrétiens. Nous répétons sans cesse avec des larmes d’impuissance, de paresse et d’orgueil que le monde se déchristianise. Mais le monde n’a pas reçu le Christ… C’est nous qui l’avons reçu… c’est de nos cœurs que Dieu se retire, c’est nous qui déchristianisons. »
Francoise Monestier – Présent