Fantin-Latour, à fleur de peau.

Fantin-Latour (1836-1904) est un exact contemporain de la génération impressionniste mais il s’en tient à l’écart, même lorsqu’à la fin du siècle des peintres intéressés par le succès rendent leur peinture plus aimable en donnant au public ce qu’il croit être de l’impressionnisme (comme le médiocre Alfred Besnard, par exemple, à qui le Petit Palais consacre une exposition ces temps-ci). Le parcours de Fantin-Latour le classe plutôt aux côtés de Jean-Jacques Henner (1829-1905) ou d’Eugène Carrière (1849-1906). Leurs toiles fuligineuses ne sont d’ailleurs pas sans analogies.

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L’œuvre de Fantin-Latour se répartit aisément en séries. Entre 1853 et 1861 il peint beaucoup d’autoportraits, tantôt en tant que peintre (devant son chevalet, ou avec son pinceau), tantôt sans attributs : tête baissée, l’air buté. Dans le miroir fait face un homme renfermé sur lui-même. A la même époque il peint ses sœurs ou sa fiancée, elles lisent, cousent : très beaux tableaux dépouillés (Les Deux Sœurs, 1859), silencieux et tristes, tons sourds, détails abolis.

Sa production en tant que peintre de fleurs est considérable. Il en peignit jusqu’à plus soif entre 1860 et 1890. Les fleurs auraient pu donner à sa peinture la fraîcheur qui lui manquait. Elles le firent parfois : les roses en dehors de leur vase, sur une console de marbre (1889), font un très beau tableau. Le reste est assez répétitif, malgré la variété des espèces. On a l’impression que Fantin-Latour, durant ces décennies, ne s’est jamais laissé surprendre par elles.

Fantin-Latour figure dans de nombreuses histoires de l’art ou de la littérature avec les portraits de groupe où l’on voit par exemple Whistler, Baudelaire, Champfleury (Hommage à Delacroix, 1864) ; Manet, Renoir, Zola, Monet (Un atelier aux Batignolles, 1870) ; Verlaine, Rimbaud (Coin de table, 1872) ; Chabrier, Vincent d’Indy (Autour du piano, 1885)… Paradoxe que cet artiste solitaire ait ainsi groupé des artistes et des écrivains que des affinités plus ou moins prononcées rapprochaient à un moment donné. Là encore, les allures accablées des hommes en noir dégagent plus de tristesse que de créativité. Ces tableaux intéressent à titre documentaire plus qu’artistique.

Les Editions de Paris regroupent des textes écrits par Arsène Alexandre, Gustave Kahn, Roger Marx, Octave Mirbeau… Parmi ces études et témoignages, le texte le plus vivant, le plus complet sur Fantin-Latour et son œuvre – défauts et qualités – est celui d’un jeune confrère et admirateur, Jacques-Emile Blanche. Quand il écrit : « Fantin craignait trop peu la monotonie ! », il exprime bien les limites de ce peintre.

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Fantin-Latour, à fleur de peau. Jusqu’au 12 février 2017, musée du Luxembourg.

Fantin-Latour par ses contemporains, Editions de Paris Max Chaleil, 140 pages, 15 euros.

Visuel Henri Fantin-Latour, Roses. 1889, Lyon, musée des Beaux-Arts. © musée des Beaux-Arts de Lyon/Photo Alain Basset

Samuel Martin – Présent

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