Vidéo / L’homme du peuple d’Andrzej Wajda

Lorsque l’on dit à un Polonais que son pays est plat, il s’insurge : « Il y avait des montagnes ici avant, mais il y a tellement d’armées qui sont passées dessus que c’est devenu une plaine ». Heureusement, à défaut de sommets enneigés, ils ont des personnalités telles que Lech Wałęsa… et Andrzej Wajda.

Cette biographie fimée est un hommage rendu à la grande figure de Solidarność par un frère de combat, qui porte l’histoire de la Pologne dans sa chair. Le réalisateur est le fils d’un officier polonais tué pendant le massacre de Katyn, orchestré par les soviétiques et camouflé en crime de guerre allemand. Dès 1941, à seulement 16 ans, il s’engage dans la résistance polonaise balbutiante. Il survit à ses activités au sein de « l’armée intérieure polonaise » et son premier film, Génération, sorti en 1955, rompt avec le ton partisan des productions de l’époque.

Son talent reconnu, il devient président de l’Union des cinéastes de Pologne, et se rapproche de Solidarność, le syndicat de Lech Wałęsa. Il se lie d’amitié avec l’électricien qui deviendra président de la République polonaise. Nommé au comité du syndicat auprès des citoyens en 1988, il est élu sénateur en 1989.

Ses grands films comme Cendre et diamant et L’Homme de fer se développent sur le conflit intérieur de ses personnages, tiraillés entre leurs aspirations personnelles et leurs engagements politiques. Un conflit qu’il connaît lui-même, puisque sa participation aux événements qui ont sorti la politique du communisme lui ont, de son propre aveu, « coûté beaucoup de temps ». Après Katyn, sorti en 2007, il signe à 88 ans un film sur une histoire dont il a été témoin et partie prenante.

On y découvre un Lech Wałęsa courageux, capable aussi de vantardise. Si Andrzej Wajda a toujours estimé son ami Walesa, il s’est montré critique à l’égard de sa politique, une fois que celui-ci est arrivé au pouvoir. Il ne s’agit donc pas d’une apologie : Wajda a eu bien assez d’images de propagande dans sa vie ! Mais le portrait est celui d’un ami estimé, envers lequel tous les Polonais ressentent une dette.

Comme Katyn, L’Homme du peuple fait une sortie discrète en France, ce qui nous semble un peu injuste…

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