“Nous nous reconnaissions tous en cet homme qui nous ressemblait et nous ressemblait, qu’on partage ou non ses convictions. En ce chef qui sut représenter la Nation dans sa diversité et sa complexité. Le Président Chirac incarna une certaine idée de la France. Une France qu’il a protégée courageusement contre les extrêmes et la haine. Une France indépendante et fière, capable de s’élever contre une intervention militaire injustifiée. Une France qui assume son rôle historique de conscience universelle.
En s’engageant pour une Europe des hommes plutôt qu’une Europe des marchés. En s’engageant pour le climat, tôt. Ce cri d’alerte fut celui d’un homme parmi les hommes, refusant de tout son être que soit menacée la pérennité de notre planète. À ses yeux, nul art supérieur aux autres, mais des arts. Oui, une certaine idée de la France, du monde, des échanges, des coopérations. Ce soir, il n’est pas seulement pleuré dans notre pays, mais dans le reste du monde.
Jacques Chirac était un grand Français, libre, amoureux taiseux de notre culture. Il aimait profondément les gens, quelles que soient leurs convictions, leurs professions. Les plus humbles, les plus fragiles, les plus faibles, furent sa grande cause. Pour Jacques Chirac, nulle hiérarchie entre les parcours, les histoires. Jacques Chirac était un destin français. Porté par une ambition qui le conduisit à conquérir Paris après la Corrèze, et avant le pays. Si longtemps, nous n’avons osé l’aimer, avant de concevoir pour lui une affection quasi filiale.
Ces derniers mois, son visage disait encore un peu de lui à la famille et aux amis venus le visiter. Toujours, il portait en lui l’amour de la France et des Français. Il mit ses pas dans ceux du général de Gaulle, de Georges Pompidou, qu’il aimait tant. Notre pays est fait de ces transmissions qui portent leurs mystères et nous dépassent.
Nous avons pour Jacques Chirac de la reconnaissance. Il eut notre République chevillée au corps tout au long de sa vie. Je veux, en votre nom, dire à madame Chirac notre amitié et notre respect. Ce soir, l’Élysée restera ouvert pour que chacun puisse y exprimer ses condoléances. Mes chers compatriotes, portons en nous ce qu’il nous a légué. Il entre dans l’histoire et manquera à chacun d’entre nous, désormais.”