Jacques Hogard a la France au cœur. La France éternelle : celle du sabre et du goupillon. Il ne s’en cache pas. Il est catholique, fervent et pratiquant, issu d’une grande famille de militaires. Son père était général dans l’infanterie de Marine. Son oncle était le Général Pierre de Bénouville, résistant et compagnon de la Libération. Jacques Hogard ne pouvait pas faire mieux. Il intègre la Légion étrangère et se retrouve, en qualité de colonel, affecté à l’état-major du Commandement des opérations spéciales (COS) au Kosovo. Il dirige avec lecolonel Chéreau le Groupement interarmées de forces spéciales (GFIS). La mission de l’Otan est claire : protéger les Serbes (en majorité orthodoxes) contre les éléments de l’UCK albanais (en majorité musulmans), dont la réputation d’organisation mafieuse a largement passé les frontières.
Le colonel Hogard, aujourd’hui à la tête de la société de sécurité Epée, relate l’affaire du monastère de Devic, toujours menacé à l’heure où ses lignes sont écrites. Surtout, il rapporte cet incident du 17 juin 1999 quand il décide de faire tirer des salves d’intimidation tout près de positions de l’UCK pour protéger un convoi de deux cents tracteurs emportant des réfugiés serbes vers des lieux plus sûrs. Il reçoit cet appel d’un général britannique, au QG de l’Otan lui demandant de cesser le feu car, au sein de l’UCK, il y a des hommes des forces spéciales britanniques. Y avait-il aussi des éléments français ? Peut-être… Trompé, manipulé ? Le colonel, au caractère bien trempé reste très amer sur cette mission aux contours qu’il juge flous, semée d’embuches géostratégiques et surtout symbole de tous les échecs et reniements français et européens. Un livre témoignage poignant et percutant, à l’image de son auteur.
L’Europe est morte à Pristina – Jacques Hogard- Editions Hugo Doc – 127 pages – 12,95 euros