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Ça y est, ils ont tranché. Ce sera « Mère » et « Mère ». Marlène Schiappa nous avait pourtant dit, avant de partir en vacances, qu’il y aurait un débat au Parlement. « C’est important de respecter le temps du débat parlementaire… et là, je ne peux pas faire comme si la loi avait été votée », avait-elle expliqué à Apolline de Malherbe, qui la sommait de dire ce qui serait mentionné à l’état civil des enfants nés de PMA. La semaine dernière, Agnès Buzyn, toujours sur BFM TV, interrogée sur cette question, un peu gênée aux entournures, faisait la passe à sa petite camarade de la Justice : « C’est Nicole Belloubet qui est en charge du dossier de l’état civil. » Décidément, sur ce « dossier », on se croirait dans les couloirs de certaines administrations qui vous promènent de guichet en guichet, histoire de vous amener à l’heure de la fermeture sans que vous ayez votre réponse.
Mais dans le cas présent, il semblerait que l’on soit tombé sur la bonne guichetière. Enfin, Nicole Belloubet vint. Parlez dans l’hygiaphone ! Le garde des Sceaux a, en effet, annoncé, ce lundi matin, toujours et encore sur BFM TV, que la chose était entendue : ce sera « Mère » et « Mère ». Exit les « Parent 1 » et « Parent 2 ». « Vous imaginez “parent 1” et “parent 2” ? Franchement ? Non, non ! », s’est exclamée le ministre. On pourrait lui répondre que oui, qu’en tout cas, certains, dans le « camp des progressistes », l’avaient bien imaginé : à l’état civil et à l’école. Et pourquoi « Mère et Mère » ? « Parce que c’est bien la réalité ! », répond le ministre. La réalité depuis la nuit des temps, c’était qu’un enfant naissait de l’union d’une femme et d’un homme. Cette femme et cet homme avaient pour nom « Mère » et « Père ». Mais ça, c’était avant. À compter de dorénavant et par le truchement de la loi, la « réalité » sera donc différente. Et c’est dit avec une telle assurance – « Je pense qu’il faut être très simple », nous dit benoîtement le ministre –, j’allais dire avec un tel naturel, qu’on est bien obligé d’admettre que tout cela est frappé au coin du bon sens ! Donc, ce sera « Mère » et « Mère ». Comme ça, on pourra doublement célébrer la fête des Mères. C’est le maréchal Pétain qui serait content ! Ce sera double ration de pâte à sel ou de colliers de nouilles à l’école. Bien présentée – et ça, y savent faire -, cette décision pourra même satisfaire quelques alouettes cathos qui confesseront que cela aurait pu être pire et que moins pire, finalement, c’est mieux.
Maintenant, vient une autre question : dans quel ordre inscrira-t-on à l’état civil ces deux mères ? Nicole Belloubet a réponse à tout, elle : « Sans doute mettrons-nous la mère qui accouche en premier et puis l’autre mère ensuite. » Et pourquoi inscrire en premier « la mère qui accouche » ? N’est-ce pas là reconnaître, un peu sur les bords, qu’il y aurait, quelque part, un ordre naturel ? Une réalité, quoi. Et puis, pour les distinguer, l’ordre d’inscription suffira-t-il ? Ne pourrait-on pas inscrire « la mère accoucheuse » et « l’autre mère », pour reprendre les mots du ministre, un peu comme, dans l’Évangile, on a « Marie de Magdela et l’autre Marie » ? Tiens, et si on mettait, puisqu’il faut être simple, nous dit Mme Belloubet, « Mère un » et « Mère deux ?
Georges Michel – Boulevard Voltaire