Pour notre confort, évitons de réfléchir à toutes ces questions pénibles qui gâchent notre vie.
« Faut-il encore parler du terrorisme ? Dès l’annonce des attentats de Barcelone, chacun a joué son rôle comme dans une pièce de théâtre bien rodée. Les radios et les journaux ont invité comme il se doit des « spécialistes » qui répètent un peu la même chose que lors du dernier attentat. Les hommes politiques ont condamné sur Twitter ces « odieux actes de barbarie », et les personnalités ont tweeté des messages de soutien aux victimes. Chacun a fait ce qu’il devait faire, chacun a rempli son contrat, pour que, dès le lendemain, les choses reprennent leur cours normal.
Pour nous convaincre que tout cela est devenu banal, on nous a même expliqué que, depuis le terrible attentat de Madrid en 2004, les Espagnols étaient habitués au terrorisme et que, à part quelques touristes trouillards, les voitures-béliers de Barcelone n’impressionnent plus grand-monde.
Quelque chose a changé depuis le 7 janvier 2015. Les débats et les interrogations sur le rôle de la religion, et plus particulièrement de l’islam, dans ces attentats, ont complètement disparu. L’attaque contre Charlie Hebdo avait contraint les médias et les intellectuels à aborder cette question puisque c’était la publication des caricatures de Mahomet qui avait motivé les deux tueurs. Pour le 7 janvier, on en pouvait pas dire que la cause était l’intervention de la France au Mali ou en Syrie puisqu’elle n’y avait pas encore mis les pieds. C’est peut-être pour cette raison que, plus de deux ans après, les médias parlent de moins en moins du 7 janvier…
Depuis, un travail de propagande est parvenu à distraire nos esprits et à dissocier ces attentats de toute question religieuse. Aujourd’hui, plus personne ne s’interroge sur le rôle de l’islam dans l’idéologie de Daech. Le bourrage de crâne a réussi à nous faire admettre que le « fait religieux » ne doit pas être discuté. Il s’impose à nous, et ceux qui osent le remettre en question sont traités d’anticléricaux primaires d’un autre âge. […]
On oppose souvent islam et islamisme. Comme si ces deux conceptions religieuses étaient deux planètes étrangères l’une à l’autre. Pour épargner aux musulmans modérés l’affront de relier leur foi à la violence djihadiste, on a méthodiquement dissocié islam et islamisme. Pourtant, l’islamisme fait partie de l’islam.
Lorsqu’on critique l’Inquisition et ses crimes, on ne détache pas cette mouvance fanatique du reste de l’Eglise catholique. Même si beaucoup de chrétiens dénonçaient l’Inquisition, elle est un élément de l’histoire du christianisme et de l’Eglise. C’est pour cela que des siècles après, en l’an 2000, le pape Jean-Paul II s’est senti obligé de faire repentance des crimes commis au nom de l’Inquisition. Au nom du christianisme.
Curieusement, chaque fois que les intégristes musulmans commettent des crimes, on dresse autour d’eux un cordon sanitaire pour les exfiltrer de l’islam afin d’épargner à la religion de Mahomet la moindre critique. […] »
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