Le magazine de la recherche et de l’innovation de l’UE, Horizon, vient de publier sa vision de l’avenir des fermes dans l’Union européenne. Pardon, l’avenir des « cyber-fermes » puisque les scientifiques travaillent activement à promouvoir l’utilisation de drones, de robots et de capteurs dans les exploitations agricoles, dont la dimension humaine, déjà largement entamée par l’industrialisation et la gestion technocratique de Bruxelles, s’apprête à prendre de nouveaux coups.
C’est notamment l’observation de l’activité des essaims d’abeilles qui inspirent les travaux de l’Institut des sciences cognitives et des technologies de l’équivalent italien du CNRS, l’INRS. Vito Trianni explique : « Nous apprenons à connaître la manière dont les abeilles résolvent des problèmes ce qui nous permet de dégager des règles d’interaction qui peuvent être adaptées pour nous dire comment les essaims de robots doivent coopérer », par exemple en vue de trouver des mauvaises herbes.
L’avenir de l’UE fait la part belle aux robots et aux drones
Merveille de la création : les abeilles fonctionnent selon un algorithme qui leur permet de choisir le meilleur site possible pour installer leur nid, même si aucune d’entre elles n’arriverait à l’identifier seule.
L’application robotique vise la création d’une « pensée collective » qui peut être appliquée à des robots et à des caméras à bas coût. « Ils peuvent même être sujets à l’erreur, mais grâce à leur coopération ils pourront produire des cartes précises à l’échelle du centimètre », assure le scientifique. Un premier survol à basse résolution permettra de définir les zones méritant une inspection plus serrée où les robots pourront se rassembler plus près du sol et « prendre des décisions eux-mêmes en tant que groupe ». Cette technique permettra alors de répandre des pesticides de manière ciblée et donc réduite, ou bien de diriger le désherbage mécanique sur les exploitations bio.
Il y a donc des bénéfices environnementaux à attendre de cette robotisation qui pourrait se faire de manière coopérative, aucune ferme n’ayant besoin de ces essaims de manière quotidienne. Un essaim typique serait constitué de 20 à 30 drones d’1,5 kg chacun. Des bénéfices qui seront certainement mis en œuvre pour faire accepter le côté négatif : la mécanisation croissante et la disparition programmée des paysans.
Des « cyber-fermes » où des capteurs remplaceront l’expertise humaine
Une autre technique promue au sein de l’UE consiste à placer des senseurs au sol qui, reliés à des satellites, permettront aux fermiers de déterminer la quantité d’eau ou d’azote dont leurs champs ont besoin, une technique déjà testée à Boigneville à 100 km au sud de Paris. C’est un projet pilote financé par l’Union européenne ; il mobilise 70 partenaires et quelques 200 chercheurs. Les senseurs, de moins en moins chers, constitueront un investissement intéressant en permettant de diminuer l’arrosage ou l’épandage d’azote.
Côté robotique, une autre équipe de chercheurs travaille sur un taille-haies mécanisé qui nécessite une seule intervention humaine : la désignation de la haie à tailler. Partant d’une esquisse du jardin pour laquelle le propriétaire n’aura pas besoin de déployer des talents exceptionnels, le robot se chargera lui-même de fournir un dessin plus propre et plus précis à partir duquel l’utilisateur pourra donner ses ordres. L’engin devrait être opérationnel au printemps prochain.
Voilà un robot qui tailladera quelques emplois, et peut-être d’autres choses encore en dehors des haies…