Depuis douze ans, l’Indonésie lance des expéditions à travers son vaste archipel pour dénombrer et nommer ses milliers d’îles. Un vrai casse-tête, mais un recensement vital pour la reconnaissance internationale de son territoire.
“Il nous faut les noms, pas le nombre”
Kompas souligne l’importance de cette validation auprès des Nations unies. L’Indonésie garde en effet un souvenir amer de la perte des deux petites îles de Sipadan et Ligitan, dans la mer de Célèbes, dont la souveraineté a été accordée à la Malaisie par la Cour internationale de Justice de La Haye en 2002. Depuis son Indépendance en 1945, cet État archipelagique avait accordé peu d’importance au recensement de ses îles, dont le décompte variait considérablement d’un département à l’autre.
Ainsi, en 1987, le Centre hydrographique et océanographique de la Marine nationale recensait 17 508 îles, dont 11 801 sans nom. En 2003, le ministère de la Recherche et de la Technologie annonçait, sur la base de photographies satellites, que l’Indonésie possédait 18 110 îles, tandis que l’Institut national de l’aviation et de l’espace en décomptait 18 108. La même année, le ministère de l’Intérieur officialise, à partir des données communiquées directement par les instances locales, le chiffre de 7 870 îles dénommées, et de 9 626 îles sans nom. Les Nations unies ne cessaient pourtant de répéter : “Il nous faut les noms, pas le nombre.”
Après une série d’expéditions commencées en 2005, le recensement est presque terminé : “J’espère qu’à la fin 2017, ou au plus tard en 2018, la liste complète des toponymes sera prête”, confie Hasanuddin Zainal Abidin, chef du BIG, à Kompas.Son collègue, Moh Fifik Syafiudin, précise qu’il reste encore environ 850 îles à explorer, de Jambi, à Sumatra, jusqu’en Papouasie, en passant par Java-Est, Kalimantan, les petites îles de la Sonde et les Moluques.
En effet, les images satellite ne suffisent pas, poursuit Kompas. Il faut se rendre physiquement sur ces îles parfois minuscules, très difficiles d’accès car perdues au milieu d’un océan impétueux, voir si elles sont habitées, quelle est leur végétation, leur potentiel agricole et touristique.
Et surtout, il faut s’assurer qu’elles correspondent aux critères de définition d’une île fixés par les Nations unies : elles ne doivent pas être immergées à marée haute et, à marée basse, ne doivent pas être reliées à une île ou terre voisine.”