Myriam El Khomry: une vraie “buse”?

Il y en a qui doivent penser que la vie est trop belle et que la France va trop bien. Ce qui peut éventuellement expliquer la sortie de ce livre causant un assez joli scandale pré-automnal, Ils ont tué la gauche, de Pierre Jacquemain, ancien conseiller de Myriam El Khomry, ministre du Travail ayant bénéficié de ce douteux privilège consistant à défendre une loi portant son nom à son presque insu.

De quoi s’agit-il ? Nos confrères de Metronews, ayant interrogé l’auteur, expliquent :

Pierre Jacquemain raconte comment, selon lui, la ministre a été manipulée par son directeur de cabinet, Pierre-André Imbert, recruté par Manuel Valls pour “piloter” le projet de loi. “Le projet de loi Travail, c’est lui, à travers l’autorité de Manuel Valls et avec les mesures d’Emmanuel Macron.” Incisif, Pierre Jacquemain dresse le portrait d’une Myriam El Khomry paumée, qui taxe le Président “d’amateur” en “avalant la loi Travail sans la comprendre”.

Pire, cette terrible phrase de Pierre-André Imbert, fidèle de Manuel Valls et de Michel Sapin, locataire de Bercy, tenue devant les journalistes des Échos et rapportée par ceux du Point : « Il faut s’en tenir à des éléments généraux de langage et ne pas entrer dans les détails. La ministre ne doit pas entrer dans la technicité de la loi. » Bref, « la » ministre est tenue pour une buse à laquelle il faut parler lentement en articulant bien, tout en évitant les mots trop compliqués. Plus féministe, on ne fait pas.

Au-delà de cette tambouille politicienne finalement des plus anodines, voulant qu’on envoie en première ligne un ministre sorti de nulle part et programmé pour bientôt retourner à son néant d’origine, une question autrement plus intéressante se pose : pourquoi, à chaque fois qu’une nouvelle loi susceptible de créer des troubles sociaux est mise en route, c’est une personnalité, disons hors norme, qui s’y colle ?

Cette question, dans ses remarquables mémoires, Simone Veil se la posait déjà à demi-mot, soupçonnant Valéry Giscard d’Estaing de l’avoir en quelque sorte instrumentalisée pour défendre la loi sur l’avortement… Eh oui, une femme juive, issue d’une famille de déportés dont tous ne sont pas revenus des camps, on ne l’attaque pas comme une vulgaire Marie-France Garaud.

Poursuivons… Une Christiane Taubira, femme lige du mariage pour tous, c’est tout aussi délicat à contredire, en termes médiatiques s’entend : femme, noire et descendante d’esclaves, voilà qui vaut tous les CV du monde. Idem pour Najat Vallaud-Belkacem, chargée de nous refourguer les dingueries sociétales de lobbies aussi fous qu’ultra-minoritaires. Mais qui oserait s’en prendre à un aussi joli oiseau, au charmant minois et aux courbes des plus décoratives ? Avec Myriam El Khomry, force est d’avouer qu’on baisse un peu d’un cran dans le registre esthético-politique, passant de la gazelle du Rif 1 au cheval de trait de Casablanca et de ses proches environs.

Il n’empêche que cette vilaine tentation est toujours prégnante chez nos dirigeants. Et que leur antiracisme médiatique de façade dissimule le plus souvent clichés et préjugés de la plus basse espèce. Ça, on le savait déjà ; ces Tartuffe n’ont fait que le confirmer, une fois encore. Et dire qu’il y a encore des néo-harkis, filles ou garçons, prêts à se renier, eux, leurs idées, leurs ancêtres, pour donner corps à des manipulations aussi funestes que grotesques…

Notes:
Il n’y a pas de gazelles dans le Rif, je sais. Mais c’était pour la beauté de l’image, la licence poétique ; enfin, un truc de ce genre…

Nicolas Gauthier – Boulevard Voltaire

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