Laulhère, le dernier fabricant de bérets français!

Laulhère, fondé il y a près de 200 ans, ancré à Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques), se joue des modes jusqu’à devenir le fournisseur officiel du XV de France. “Dans la région, il y a encore 30 ans, il y avait 22 usines de bérets et Laulhère est la dernière”, souligne Mark Saunders, 47 ans, Irlandais et directeur commercial chez Laulhère. “De petits ateliers ont été créés récemment au Béarn et quelques autres réalisent les étapes de finition après avoir acheté un béret brut. De l’autre côté des Pyrénées, Elosegui, un fabricant d’Irun (Pays Basque espagnol) résiste aussi”, commente-t-il dans un français impeccable avec un zeste d’accent irlandais qui donne au béret une pointe d’exotisme.

L’oeil de l’Irlandais “frise”: “Nous ne sommes pas le dernier fabricant français, mais le dernier fabricant historique de béret français. Une histoire plusieurs fois centenaire qui s’inscrit dans celle des fabriques textiles d’Oloron-Sainte-Marie, capitale du béret basque”.

Dépositaire de ce savoir-faire unique reconnu en 2012 par l’obtention des labels “Entreprise du Patrimoine Vivant” et “Origine France Garantie”, Laulhère maîtrise l’intégralité de la fabrication, du fil pure laine vierge mérinos au produit fini.

Avec 45 salariés, 200.000 bérets fabriqués par an, un chiffre d’affaires de 2,9 millions d’euros en 2015, l’entreprise travaille sur trois marchés: à 30% pour les marchés militaires (armée française et autres armées du monde), à 35% pour la haute-couture et à 35% pour le béret traditionnel avec la gamme Héritage. 30% de son chiffre d’affaires est réalisé à l’exportation dans une vingtaine de pays dont le Japon, la Chine et les États-Unis.


001-4-460x259

“L’image du Français avec la baguette de pain et le béret sur la tête n’est désuète que dans la tête des Français”, déclare malicieusement Mark Saunders. “A l’étranger, le béret est l’emblème de la France, synonyme de luxe et de mode”, assène-t-il.

Il en veut pour preuve la princesse Charlène de Monaco qui a choisi, il y a deux ans, pour sa première apparition publique après la naissance de ses jumelles, de porter un béret homme commandé sur le site internet de Laulhère. Et Laulhère, déjà de tous temps le couvre-chef prisé des amateurs et joueurs de pelote basque, s’enorgueillit aujourd’hui d’un contrat passé avec l’équipe de rugby du XV de France.

Chez Laulhère, la fabrication du béret nécessite dix étapes majeures et, pour chacune, la maîtrise d’une expérience et d’un savoir-faire ancestraux.

Le tricotage d’abord, en laine de mouton mérinos. Une opération complexe liée à la forme en galette du béret, qui nécessite de gérer le nombre de mailles en augmentant ou en diminuant. Une opération mécanisée, mais, pour rester au plus près des gestes ancestraux, Laulhère a conçu dans les années 1970 ses propres machines qui sont “top secret”. Le remaillage, ensuite.

Gabi, 59 ans dont 42 passés chez Laulhère, explique: “Nous vérifions les bérets un par un. S’il y a un petit trou par exemple, on le recoud”.

Viennent ensuite le feutrage, la teinture, l’enformage, le grattage, le tondage, le décatissage, le garnissage. Ultime étape avant l’emballage, le bichonnage qui le rend impeccable à la vue et au toucher en enlevant toutes les petites particules de laine, s’il le faut, à la pince à épiler.

“Un des secrets, livre Mark Saunders, est le feutrage, avec des bérets lavés entre cinq à sept heures avec l’eau du Gave d’Oloron. Les aspects minéraux de l’eau du gave donnent la +touch+ du béret Laulhère qu’il est impossible d’obtenir avec l’eau du robinet”.

Le prix d’un béret basique est de 25 euros et peut grimper dans la gamme luxe jusqu’à 1.400 euros. Les clignotants sont au vert chez Laulhère après des années périlleuses. L’entreprise, qui employait 28 salariés, a été rachetée en 2012 par Cargo, holding regroupant une quinzaine de PME du Sud-Ouest de la France, dans les secteurs décoration, équipement de table ou accessoires de mode.

“Aujourd’hui, nous sommes 45 et nous avons la chance de transmettre le métier aux plus jeunes”, conclut Sylvie, 50 ans et 34 ans d’ancienneté chez Laulhère.

Source

Related Articles