https://www.youtube.com/watch?v=5fK2Gx-9PrU
Gods of Egypt traite, conformément à la promesse du titre international anglais, d’aventures des dieux égyptiens. Il reprend, au premier degré, les personnages divins des mythes égyptiens : Osiris, Isis, Horus, Seth, Hathor, etc. Beaucoup de mythes sont en effet fidèlement transcrits, en des images superbes et impressionnantes. Seul le mythe central dans la culture égyptienne, celui d’Osiris, est absent, ou plus exactement réécrit dans une version courte et tragique : Osiris est le dieu assassiné par son frère Seth, événement en effet montré, mais ressuscité par sa sœur-épouse la magicienne Isis dans la légende officielle, alors qu’il est mort et définitivement mort dans Gods of Egypt. Ces dieux reçoivent l’assistance de serviteurs humains. Les mauvais dieux attirent plutôt les mauvais humains, et inversement les bons dieux les bons humains.
Ainsi Seth, le dieu mauvais, règne désormais sur l’Egypte de manière monstrueusement tyrannique ; il en vient à perturber la marche de l’univers, du combat de Rê sur sa barque céleste contre le Chaos, à l’organisation du monde des morts. Un jeune homme qui vient de perdre sa fiancée, assassinée par le grand-prêtre et grand architecte serviteur de Seth, décide de faire appel au dieu Horus, fils d’Osiris et d’Isis, mutilé et banni par Seth, lui proposant le marché suivant : il aidera le dieu à renverser l’usurpateur Seth du trône d’Egypte – et il croit en avoir trouvé le moyen –, à condition qu’Horus permette à sa fiancée de revenir du monde des morts. Il n’est seulement pas certain qu’Horus en ait le pouvoir.
Le réalisateur Alex Proyas retrouve enfin son meilleur niveau, qu’il n’avait plus atteint depuis Dark City (1998). Gods of Egypt est une œuvre surtout de distraction, renouvelant au meilleur niveau un kitsch hollywoodien à peu près défunt. La franche adoption de la démarche mythologique permet d’échapper au défaut courant d’approximation archéologique, puisqu’il ne s’agit aucunement d’un récit historique, mais d’une Egypte mythique, avec son ambiance particulière et reconnaissable. Le film reste avant tout une œuvre de distraction, et à ce titre culmine à un sommet du genre.
Gods of Egypt comporte-t-il un message ? Un roi surhumain ou humain doit ambitionner avant tout le bonheur de ses sujets, et non la gloire personnelle, ou a fortiori la perturbation du monde. Au-delà, Seth pourrait, à notre sens, être interprété comme une figure de révolutionnaire, assassin, même fratricide, et, par son impiété envers les dieux suprêmes, le goût des expérimentations dangereuses, comme une forme de tyran stalinien.
Le spectateur de Gods of Egypt, particulièrement le nostalgique des grands péplums, passe un excellent moment, avec ce sujet somme toute original.