Devant les parlementaires du groupe LREM, le chef de l’Etat, après avoir déclaré qu’il était le seul responsable dans l’affaire Benalla, a cru devoir ajouter : « Ce n’est pas mon amant. » Ce qui a valu son ascension rapide au chargé de mission élyséen, ce n’est donc pas son appartenance à quelque lobby gay, comme il en existe dans la haute administration, mais sa participation à un autre groupe d’influence, et non des moindres : la franc-maçonnerie, comme l’a révélé L’Express.
La rumeur en circulait depuis quelques jours, ce qui entraîna un démenti officiel du Grand Orient de France. On s’était seulement trompé d’obédience, ce n’est pas le GO mais la Grande Loge nationale française, sa rivale, à laquelle Benalla a adhéré. Le grand maître Jean-Pierre Servel a confirmé cette appartenance, l’ami du président porte le numéro de matricule 106161. C’est en janvier 2017 qu’il a commencé à être initié, dans la loge Les Chevaliers de l’espérance, au moment où il s’est mis au service d’Emmanuel Macron alors candidat. Curieuse coïncidence… Disons, par euphémisme, que Benalla avait l’impression que cela ne pourrait pas nuire à sa carrière de chargé de mission et de simili policier. Il avait raison. La police, surtout parmi les cadres, notamment les commissaires, est un haut lieu de la maçonnerie, avec ce que cela implique de complicités, de services réciproques rendus et d’yeux opportunément fermés.
Tous les ministres de l’Intérieur, ou peu s’en faut, sous tous les gouvernements, sont des frères trois points. L’actuel, Gérard Collomb, ne fait pas exception. Mais, contrairement à ses prédécesseurs, il n’hésite pas à l’avouer : « J’ai décidé de le dire, parce que comme ça, personne ne m’embête. Quand vous êtes homme public, il faut au moins dire qui vous êtes. Cela fait partie de la transparence. » On aimerait que d’autres hommes politiques le suivent dans cette voie ! Pas eux seulement : parmi ceux qui ont aidé Benalla dans sa fulgurante ascension, parmi les policiers qui lui ont fourni du matériel pour se faire passer pour l’un d’eux et ceux qui ont fermé les yeux pendant son intervention ou ont simplement « oublié » tout de cette soirée-là, parmi tous ceux-là, combien appartiennent à la maçonnerie ? La question ne sera pas posée, même au sein des commissions parlementaires, où il doit aussi y avoir quelques frères…
« Un type qui est dans les emmerdes »
La mort dans l’âme, Jean-Pierre Servel, le grand maître, a suspendu l’intéressé le 24 juillet en soupirant : « C’est toujours un peu gênant de lâcher un type qui est dans les emmerdes . » C’est pourquoi, et pour « ne pas lui porter trop préjudice », poursuit le grand maître, il n’est que « suspendu à titre conservatoire », jusqu’à l’issue de la procédure judiciaire. Quelle mansuétude ! Et si au lieu d’être un chargé de mission cogneur – un frère trois poings en quelque sorte – et usurpateur de fonction, Benalla avait adhéré au Rassemblement national ? Là, il aurait été exclu immédiatement et non pas suspendu temporairement, comme cela s’est déjà produit. Rappelons que, pour la première fois dans notre pays, avant une présidentielle, les sept obédiences maçonniques françaises ont rendu public, en avril 2017, un « appel républicain » pour barrer la route à Marine Le Pen. Trois points, c’est tout…
