Mercredi matin, Robert Ménard a organisé une cérémonie commémorative pour le père Hamel. À Béziers, une promenade au pied de la cathédrale porte son nom. Mais pour le maire de Béziers, il ne suffit pas de se retrouver pour commémorer, il faut aussi être capable de nommer l’islam radical pour le combattre.
Robert Ménard, vous organisiez une cérémonie de commémoration de l’assassinat du père Jacques Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray ce matin à Béziers.
Pourquoi à Béziers?
À Béziers, comme partout en France je suppose, l’émotion est telle qu’on ne peut pas oublier un tel événement un an après.
On ne peut pas oublier ce qu’il signifie et ce que cela veut dire pour nous.
En plus, nous avions baptisé une promenade au nom du père Jacques Hamel au pied de la cathédrale.
Nous avions donc une double raison de nous retrouver au pied de la cathédrale pour essayer de tirer ensemble les leçons de ce drame.
En qualité de maire de Béziers, quelle leçon tirez-vous de cet assassinat ?
Or, le mal est d’abord en chacun de nous. Cette question dépasse bien sûr la dimension du maire que je suis. C’est une affaire de religion. Je laisse les spécialistes de la religion s’exprimer sur ce point.
Mais il y a aussi le mal qui concerne les hommes. Sur ce sujet-là, le responsable politique que je suis a une parole à faire entendre.
Nous avons aujourd’hui affaire à un islamisme radical qui veut notre mort, au sens propre.
Les islamistes radicaux préfèrent perdre leur vie que de nous voir vivre à côté d’eux. Il faut appeler cet islamisme radical par son nom. On ne peut pas éternellement se contenter de bougies et de fleurs. Ce mal absolu doit être nommé pour le combattre et ensuite décrit pour ce qu’il est.
C’est ce que j’ai essayé de faire ce matin.
La difficulté est de le faire sans montrer du doigt toute une communauté. Il ne s’agit évidemment pas de dire que l’islam dans son ensemble ou les musulmans dans leur totalité sont responsables de cette situation. Ce n’est évidemment pas vrai, et dire cela serait un mensonge honteux. Cependant, une part de la communauté musulmane, fût-elle minoritaire, exècre ce que nous représentons.
Ce n’est pas seulement un prêtre qui a été visé, à travers le père Hamel. C’est aussi ce que nous sommes, une civilisation, un mode de vie, un regard sur les autres, une tolérance pour des gens avec d’autres opinions.
Tout cela était visé, voué aux gémonies, assassiné et égorgé.
Voilà ce que j’ai voulu dire ce matin.
Qu’avez-vous pensé de la commémoration de ce matin à Saint-Étienne-du-Rouvray, et notamment de ce grand raout républicain devant l’église ?
Je pense que c’est important que tout le monde puisse se retrouver face à l’horreur. Le problème n’est pas de se rassembler, mais de ne pas en tirer un certain nombre de conséquences.
On ne peut pas se satisfaire éternellement de se rassembler, et de sans cesse affirmer la nécessité de « vivre ensemble » comme on dit, si on ne se donne pas les moyens d’assurer la sécurité des uns et des autres, et d’assurer ce « vivre ensemble ».
Encore une fois, il faut appeler les choses par leur nom. C’est ce que la classe politique à tellement d’hésitation et de répugnance de faire.
J’ai encore en mémoire un certain nombre d’interventions du président Macron : il a toutes les peines du monde à dire qui sont les gens qui tuent en France !
Ceux qui tuent en France sont ceux qui se réclament d’un islam radical. Cela ne vaut évidemment pas condamnation de l’islam, en tout cas à mes yeux. Mais cela pose toutefois un problème. Que faisons-nous avec cet islam radical ? Que faisons-nous face à des gens qui détestent tellement ce que nous sommes qu’ils sont prêts à mourir pour cela ?