Depuis un mois, le ministère de l’Économie étudie plusieurs scénarios pour vendre tout ou partie de Paris Aéroport. Une décision est attendue à la rentrée.
L’issue ne fait pas de doute: les aéroports de Paris vont être privatisés. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, souhaite vendre 10 milliards d’euros de participations publiques dans les entreprises. Celle dans Paris Aéroport, dont l’État détient 50,6%, est en première ligne. Lorsqu’il était à Bercy, Emmanuel Macron avait déjà tenté la privatisation du gestionnaire de Roissy-CDG et Orly après celles des aéroports de Toulouse, Nice et Lyon.
Ces dernières semaines, tous les représentants et dirigeants des entreprises intéressées par une privatisation de Paris Aéroport ont fait le tour des interlocuteurs au gouvernement et à l’Elysée. Les “retours sont très clairs, explique l’un d’entre eux, l’entreprise sera privatisée”. “Cela ne fait aucun doute” ajoute un autre.
Selon plusieurs sources, depuis début juillet, le ministère de l’Économie planche sur différents scénarios de vente totale ou partielle. Et les échanges avec l’Elysée sont permanents. “Personne ne parle officiellement d’une privatisation mais ils étudient tout en profondeur et demandent beaucoup d’informations à l’entreprise”, justifie l’une d’elles. Un travail juridique et financier qui va conduire l’administration à se doter de banques conseil et d’avocats. Pour les choisir, un appel d’offres devrait être lancé dans les prochaines semaines.
Un consortium autour de Vinci
Preuve que les choses avancent, la direction de Paris Aéroport s’est déjà munie de banques conseil (BNP Paribas et Goldman Sachs) en vue de sa privatisation. Un geste perçu comme défensif vis-à-vis de l’État-actionnaire et qui semble avoir agacé l’Elysée. Mardi, son PDG, Augustin de Romanet, a souligné que “l’État n’avait pas arrêté de position à ce stade sur un éventuel désengagement”. “L’été sera studieux” reconnaît sobrement son entourage.
Quatre scénarios sont à l’étude. Le premier, le plus lucratif, consiste à une vente pure et simple des 50,6% du capital que l’État détient. De quoi potentiellement récupérer plus de 7 milliards d’euros. Les candidats devront pour autant être capables de lancer une offre publique sur 100% du capital et donc financer une acquisition de 15 milliards d’euros. “Nous sommes parfaitement capables de réaliser des opérations très significatives” a déclaré Xavier Huillard, le PDG de Vinci, dans un entretien au Revenu.
Déjà actionnaire de 8% d’ADP, le groupe français est considéré comme le favori en cas de privatisation. Selon nos informations, ses dirigeants réfléchiraient déjà à créer un consortium avec d’autres partenaires. Parmi eux, l’assureur du Crédit Agricole, Prédica, qui a déjà racheté 5% à l’État en 2013, “regardera le dossier” selon un de ses cadres. La Caisse des dépôts du Québec figure aussi parmi les noms qui circulent.
e favori de Vinci ne “tue” la concurrence. Et que le groupe ne réitère l’offensive gagnante sur la privatisation des Autoroutes du sud de la France (ASF) en 2006. Vinci avait pris à l’époque 20% du capital d’ASF pour se positionner avant sa privatisation. Une vingtaine de fonds dédiés aux infrastructures sont capables d’investir jusqu’à 1 milliard d’euros. En dehors de Vinci, l’italien Atlantia, qui a racheté l’aéroport de Nice, est pressenti.