La France paresseuse !

Par Ivan Blot

Une étude de l’institut Rexecode vient de faire scandale en France. Elle compare le temps de travail entre les différents pays de l’Union européenne.

La France est 27ème sur 28, la Suède est bon dernier. Le salarié français travaille en moyenne 1661 heures par an contre 1847 heures pour un Allemand et 1900 heures pour un Anglais. Le Figaro titre : « les Français travaillent cinq semaines de moins que les Allemands ! »

Avec la fiscalité trop forte, la faiblesse du temps de travail réduit la compétitivité de l’économie française. Il ne faut pas s’étonner de l’atonie de la croissance : 0,7% prévu pour 2014 avec 10,2% de chômeurs (taux de chômage russe : 5,3%).

Mais il faut affiner l’analyse. Comme disait l’ancien président Sarkozy, il faut cesser de pénaliser (fiscalement) « la France qui se lève tôt » : selon le quotidien français, « quant aux travailleurs indépendants, leur temps de travail culmine à 2372 heures par an soit 43% de plus que les salariés à temps complet. Il y a donc plusieurs France : ceux qui travaillent beaucoup comme les chefs d’entreprises, les avocats ou les médecins par exemple, ceux qui travaillent mais avec un temps de travail faible par rapport à la moyenne européenne, et ceux qui sont assistés.

La baisse du temps de travail a été très importante entre 1998 et 2004, puis la durée est restée stable.

Les gouvernements français trouvent le sujet dangereux : ainsi, personne n’a jamais eu le courage de revenir sur les 35 heures par semaine, au lieu de 39 heures, réforme socialiste du gouvernement Jospin en 1998 et 2000. Patronat et syndicats ont accepté la nouvelle législation. Cela ne veut pas dire que la majorité du peuple soit d’accord. En Suisse, un référendum a été fait sur la proposition des socialistes et de l’extrême gauche d’imiter la France : par 67%, les Suisses ont refusé d’avoir deux semaines de vacances en plus ! La durée hebdomadaire du travail reste de 42 heures. Bien sûr, le chômage est inexistant et les salaires sont presque le double de ceux qu’on a en France !

Un sondage du 13 novembre 2012 de l’institut IPSOS avait donné 64% de Français favorables à la suppression des 35 heures, mais les gouvernements français sont plus habitués à suivre les dirigeants patronaux et syndicaux qu’à consulter le peuple, de Gaulle ayant été la grande exception !

Vers 2010, le temps de travail salarié en France avait légèrement remonté car le président Sarkozy avait exonéré les heures supplémentaires de l’impôt sur le revenu pour les salariés et avait réduit les charges sociales pour les entreprises. Malheureusement, ce dispositif a été supprimé par le gouvernement de François Hollande.

La France a une culture politique assez archaïque qui est hostile au monde de l’entreprise et au travail en général, ce qui a un coût considérable : les jeunes diplômés quittent le pays pour les pays anglo-saxons, où les taxes sont plus faibles et les possibilités de gain plus grandes. 225 000 Français vivent à Londres d’après le consulat de France au Royaume Uni ! Certains vont même en Russie pour les mêmes raisons, mais le russe est en France une langue moins pratiquée que l’anglais, ce qui freine le mouvement.

Il faudrait qu’à droite, et encore plus à gauche, on modernise le discours sur l’économie : en dehors de l’aile droite de l’UMP (droite forte, droite populaire, droite sociale), la gauche de l’UMP, le Centre, les socialistes et même le Front national sont favorables à une politique étatiste qui pourtant a montré son incapacité à faire repartir la croissance et à réduire le chômage. C’est sans doute le point le plus triste : 25% des jeunes français de moins de 25 ans souffrent du chômage.

Il faut que la classe politique française modernise d’urgence sa vision de l’économie ! Elle peut prendre des exemples à l’étranger, en Suisse, en Allemagne et même en Russie ! L’index des libertés économiques de Heritage Foundation, think tank américain, non suspect de russophilie et basé à Washington, indique dans ses dernières publications que la Russie est meilleure en termes de liberté économique que la France sur deux points essentiels : la fiscalité et le droit du travail ! /N

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