Un buste de Jacques de Liniers a été dévoilé le 23 janvier 2017 au Cercle France-Amériques. Le buste, œuvre de Constance de la Martinière, sera désormais au côté d’autres héros des Amériques : Miguel Hidalgo y Castilla, José de San Martin, Georges Washington et Simon Bolivar. C’est l’occasion d’évoquer ce grand Français, personnage de première importance dans l’histoire de l’Amérique latine. (Vidéo à 30’08)
Jacques de Liniers naquit à Niort en 1753. Issu d’une lignée de grands soldats, il part à l’âge de douze ans pour l’île de Malte pour suivre au sein de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem la formation de moine-soldat. Il restera à Malte pendant trois ans, puis il sera caserné à Carcassonne en tant que sous-lieutenant pendant six ans.
C’est alors la fin de la Guerre d’Espagne et, à l’âge de 21 ans, Liniers décide de quitter l’armée du royaume de France pour aller servir les Bourbon d’Espagne. En quelques années et sur plusieurs fronts – Alger, Brésil, Gibraltar, Port-Mahon –, il accomplit une série d’exploits retentissants qui lui valurent, en 1788, d’être nommé capitaine de vaisseau et de recevoir le commandement du Rio de la Plata.
De 1796 à 1802, Liniers organisa une flottille de canonnières pour défendre les côtes de la vice-royauté et assurer le commerce entre les deux rives du Rio de la Plata. C’est à cette époque qu’il se lia avec le marquis de Sassenay, qui rédigera la biographie de Liniers et la narration de leurs aventures communes. En 1802, Liniers se voit confier le gouvernement des anciennes missions du Paraguay, poste qu’il occupera jusqu’en 1805.
Buenos Ayres était, en 1805, une bourgade provinciale de 50 000 âmes, mal organisée, régie par un vice-roi faible et défendue par une garnison squelettique. Ces éléments favorisèrent les appétits de l’Angleterre, qui décida d’un débarquement pour s’emparer du continent.
C’est ainsi que 1 600 hommes, sous les ordres du général Beresford, débarquèrent le 25 juin au sud de Buenos Ayres. Leur marche sur la ville fut rapide, et ils s’en emparèrent sans grandes difficultés. Tout semblait aller pour le mieux pour les Anglais, qui se voyaient déjà maîtres de l’Amérique latine. Ce fut sans compter sur Jacques de Liniers, qui se vit désigné chef de la résistance à l’envahisseur.
Liniers organisa rapidement un petit corps de 600 hommes muni de quelques pièces d’artillerie. Le 9 août, il est aux portes de la ville. Les Anglais s’amusent de voir ce petit corps de soldats non professionnels vouloir attaquer leurs redoutes. Liniers lance l’attaque, il reçoit aussitôt le soutien inattendu des habitants pour déloger les Anglais qui, acculés, doivent arborer le drapeau blanc. Buenos Ayres est délivrée.
Il est évident que les Anglais n’en resteront pas là, et chercheront à venger cet affront. Liniers s’empresse de préparer la défense de la ville. Il organise les habitants en milices, répare les anciennes fortifications, crée des dépôts de vivres et de munitions.
Les Anglais reviennent en juillet 1807 avec 12 000 hommes, sous les ordres du général Whitelocke. Ils divisent leurs troupes en trois colonnes qu’ils lancent à travers la ville pour prendre la citadelle qui est en son centre. Une fois encore, les habitants se montrent à la hauteur. Des tours, des clochers, des toits ils font pleuvoir sur les attaquants une grêle de balles, de pierres, de l’eau et de l’huile bouillante. La progression des Anglais est difficile et coûteuse en vies humaines, et Whitelocke doit se résoudre à battre en retraite et à accepter les conditions de Liniers.
A la suite de cette victoire inespérée et retentissante, Liniers reçut le surnom de « El Reconquistador », et fut nommé par la Couronne vice-roi de la Plata. Evénement sans précédent, car ce fut la première fois que cette charge fut confiée à un non espagnol.
S’ensuit une période trouble, celle de la révolution, qui aboutira en 1816 à l’indépendance de l’Argentine. Liniers s’était retiré à Cordoba, pour se tenir à l’écart des troubles. En 1810, il renouvelle publiquement sa fidélité au roi Ferdinand VII. Sur le chemin du Pérou, lui et quelques fidèles sont rattrapés à Cabeza de Tigre par les troupes révolutionnaires des jacobinos argentins. Condamné à mort, il sera exécuté d’une façon lamentable le 26 août dans un taillis avec ses compagnons, c’est lui qui commandera le feu du peloton d’exécution.
En reconnaissance des services rendus, le roi Ferdinand VII lui décerna à titre posthume le titre de comte de Lealtad (comte de la Loyauté) et, en 1861, la reine Isabelle II fit solennellement rapporter son corps en Espagne, où il est inhumé au Panthéon des héros de l’île de León, à Cadix. Un quartier de Buenos Ayres porte le nom de Liniers, ainsi qu’une gare, et le Mercado Liniers, le marché bovin le plus vaste du monde, porte également son nom.
Pierre Barbey – Présent
Jacques de Liniers, Général & Vice-Roi de La Plata, par le Marquis de Sassenay, éditions de La Reconquête. Chez l’éditeur contre un chèque en euros, ou par SA DPF Chiré.
Mourir pour Buenos Aires – Jacques de Liniers, par Jacques Marzac, en collaboration avec Mémoire Jacques de Liniers, La Découvrance.