Par Edmond Furax
Si vous n’êtes pas au courant, voici un résumé des faits. Après avoir écouté une intervention virulente de Marlène Schiappa à la fondation Jean-Jaures, à 13’40 lors de sa dernière émission, Alain Finkielkraut s’est ému de sa christianophobie, d’un certain antisémitisme et de son islamophilie, s’émouvant plus encore de ce que sa nomination au gouvernement pouvait laisser présager quant aux affinités multiculturalistes avouées et désormais affichées du président Macron…
Dans sa réponse, Marlène Schiappa tente d’édulcorer ses propos, tout en se flattant d’appartenir aux Libres penseurs, ce qu’elle annonçait déjà dans la notice biographique de son blog.
Ayant commis de nombreux ouvrages dont Osez les grosses et Lettres à mon utérus… nous allons partir du principe que c’est Marlène Schiappa qui a rédigé ce courrier délectable.
Madame la secrétaire d’Etat se targue dans une précédente vie d’avoir travaillé chez EURO RSG, sans préciser dans quel domaine. J’ai trouvé: elle s’occupait de marketing direct et devait rédiger les mailings des budgets seniors, type Damart. Car ce courrier commence fort: avec un “tonitruant” Monsieur Finkielkraut. Je ne peux croire qu’à trente-trois ans Madame la Secrétaire d’Etat ignore que l’on n’ajoute jamais le nom de famille après Madame ou Monsieur dans un courrier, sauf en marketing direct d’il y a trente ans, lequel était toujours précédé de cher ou chère, ce qu’elle fait en fin de courrier: pour faire plus joli, elle a orné le Cher d’une majuscule.
Ne pouvant croire davantage que Madame la secrétaire d’Etat ignore que l’on n’utilise jamais le terme cher à l’endroit de quelqu’un que l’on ne connait pas personnellement, c’est donc volontairement discourtois, tout comme le ton général de ce courrier qui commence, en plus, par une énorme faute de syntaxe avec” Quel Honneur vous me faites!”, au lieu d’écrire: Quel honneur me faites-vous!
Je vous laisse apprécier le ton employé à l’endroit d’un monsieur qui pourrait être son père et s’exprime toujours avec beaucoup d’élégance.
Soyons plus trivial: malencontreusement pour elle, Madame Schiappa s’essaye à l’humour et veut se foutre de la gueule de Finkielkraut.
La France entière sait que Finky est philosophe et académicien, sans a majuscule, tout comme le terme gouvernement…
Feindre de l’ignorer est ridicule, faire semblant de le prendre pour un chroniqueur télé, plus encore!
Je vous laisse savourer le fond, l’inpetie des arguments, l’inconvenance du ton… C’est un parcours cent fautes!
Alain Finkielkraut a dû bien rire en découvrant cette prosodie consternante, rédigée sur papier à entête du secrétariat d’Etat.
Il a voté Macron, il en mesure les effets!
“Vous n’avez pas eu cette politesse de vous adresser à moi sans l’intermédiaire d’un plateau audiovisuel”, ajout-t-elle agacée, c’est que maintenant qu’elle est au GGGouvernement, on lui cause pas comme ça! De plus, avec Bruno Le Maire et Edouard Philippe, elle appartient à l’élite de la Macronie rédigeant de écrits érotiques…
Marlène Schiappa clôt sur une formule lapidaire et ses “salutations sincères”, il est vrai qu’elles ne pouvaient être distinguées.
Et c’est avec jubilation que nous attendrons donc la réponse d’Alain Finkielkraut qui ne devrait pas tarder, soit dans Causeur, soit dans l’émission L’esprit d’escaliers qu’il partage avec Elizabeth Lévy, diffusée chaque dimanche, soit dans les deux.
Et si comme moi, vous êtes devenu un adepte de Marlène Schiappa: voici une vidéo datant de l’époque où elle était plus modeste car elle n’était qu’En Marche! et un mode d’emploi, extrait de son site, vous apprennant à frauder la Sécu. Tout son site est par ailleurs délectable, pour preuve, il est célèbre!
Rassurez-vous, ne se présentant pas aux Législatives, Marlène ne devrait pas faire partie des éventuels débarqués et c’est donc avec bonheur que nous allons la suivre dans ses oeuvres et son ascension. Bravo et merci Macron pour ce casting qui vous honore!
SECRÉTARIAT D’ETAT A L’ÉGALITÉ ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES
La Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes
Monsieur Finkielkraut, Tout son sit est délectable!
Quel honneur vous me faites !
L’honnêteté m’oblige à dire que j’ai toujours pensé que vous étiez un chroniqueur de télévision –je le dis sans malice, j’ai beaucoup de respect pour les chroniqueurs de télévision. Mais certains de mes amis pensent que vous êtes un grand philosophe, un Académicien, un homme de valeurs (le pluriel est d’eux). Je les crois.
C’est donc un honneur d’être, moins de 24 heures après ma nomination au Gouvernement, la cible privilégiée d’une personnalité telle que vous. Que vous, le grand philosophe, l’Académicien, l’homme de valeurs, ayez décidé de choisir comme adversaire politique et cible de vos attaques en cette période passionnante et cruciale la benjamine du gouvernement, issue de la société civile, élue locale, venant de quartiers populaires, non diplômée d’une grande école, femme, de gauche et féministe de surcroît, ou bien c’est un hasard, ou bien c’est un aveu de faiblesse de votre part, ou bien c’est un positionnement politique.
Dans tous les cas, cela m’honore.
Cela m’honore et me déçoit en même temps. Voyez–vous, même si je combats l’immense majorité de vos idées, je tenais en respect l’opinion de mes amis et donc, votre fonction de grand philosophe, d’Académicien. Je pensais que vous fondiez vos réflexions surdes éléments tangibles, des sources contradictoires, des mises en perspectives, et une analyse longue. Au lieu de cela, je découvre que vous vous adonnez à la curée. Vous faites dans le commentaire de commentaire de propos rapportés. Et vous vous transformez en Don Quichotte: lui combattait des moulins qui n’existaient pas, vous combattez une position que je n’ai jamais eue.
En effet, une simple question que vous m’auriez adressée ou une simple recherche factuelle auprès d’amis mieux renseignés vous aurait permis de constater que j’étais une militante laïque, membre des années de la plus vieille association laïque de France, fondatrice de plusieurs appels de défense de la loi de 1905, contributrice d’ouvrages sur ces sujets qu’il faut faire l’effort de chercher en bibliothèques et non sur Google–et j’ai là aussi, beaucoup de respect pour Google. Et que, jamais, je n’ai milité contre l’interdiction du port du voile par les enseignantes ou par les élèves à l’école!
La « société du spectacle» n’est pas une succession d’images mais la mise en scène d’un rapport social entre les individus. Quand vous, le grand philosophe, l’Académicien, le chroniqueur de télévision, haussez le ton pour critiquer sans mesure des positions imaginaires d’une féministe progressiste, vous vous adonnez à ce que les féministes américaines nomment le « mansplaining ». Vous partez du principe que vous, l’homme, le grand philosophe, l’Académicien, avez forcément le savoir de votre côté et que la femme, la féministe, de surcroît quand elle est plus jeune, s’égare forcément, n’a pas compris forcément, ne sait pas ce qu’elle dit forcément. Vous pensez donc de votre devoir de la corriger. Sans même prendre la peine d’une vérification de ce que l’on vous demande de commenter, sans comprendre que vous brodez sur du mensonge.
Rudyard Kipling a écrit dans son poème Si… («If…») « Si tu peux supporter de voir tes paroles travesties par des gueux pour exciter des sots et, les entendant mentir, sans toi-même mentir d’un seul mot, pourtant répondre et te défendre (…) tu seras un homme, mon fils. » Je ne suis pas un homme, mais je vous réponds directement. Vous n’avez pas eu cette politesse de vous adresser à moi sans l’intermédiaire d’un plateau audiovisuel. Si le philosophe, le grand homme, l’Académicien, est réellement outré par les propos qu’il me prête et qui n’ont jamais été les miens, il les corrigera publiquement par honnêteté intellectuelle. Si le chroniqueur veut ajouter du commentaire au commentaire, il trouvera j’en suis certaine une parade médiatique pour continuer à surfer sur l’écume créée.
J’ignore si d’après Rudyard Kipling vous feriez partie de la catégorie qui travestit les parole sou de la catégorie qui s’excite à cette idée.
Tout ce que je sais, c’est que ce procédé même et surtout venant d’un philosophe, d’un Académicien, ne m’inspire pas un profond respect.
Si, un jour, l’homme de valeurs que l’on me dit que vous êtes s’intéresse à la réalité de ma pensée philosophique, il sait désormais où m’interroger.
Veuillez, agréer, Cher Monsieur Finkielkraut, mes salutations sincères.
Monsieur Alain FINKIELKRAUT Maison de Radio France 116 Avenue du Président Kennedy 75016 Paris
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