14 ans, premier amour (Bande-annonce)

14 ans, premier amour est un film russe de 2015 au titre explicite, qui sort enfin en France. Cette comédie dramatique s’intéresse à la rencontre entre deux lycéens russes, un jeune homme et une jeune fille habitant la banlieue de Moscou, dans leur quinzième année. Ce sujet est difficile à traiter : soit il ne se passe rien, et il est difficile de rendre le film intéressant, soit il se passe des choses, et il est difficile ne pas sombrer dans un voyeurisme de fort mauvais goût. Ces deux écueils sont heureusement évités. Les actions qui ne doivent pas être montrées à l’écran pour un public honnête ne le sont pas. Les deux adolescents sont touchants dans leur premier amour, avec toute la naïveté et la maladresse inévitable. Au moins sont-ils parfaitement sincères.
 
Le problème majeur du film réside néanmoins dans la moralité générale : non, forniquer à quinze ans – conclusion, si l’on ose dire de l’histoire -, reste un péché grave, et cette précocité dans le vice inquiète pour la suite ; et ce n’est pas une question de sincérité des protagonistes – hors de doute. On peut y voir la conséquence d’une mauvaise éducation : la mère, seule, donne à son fils un manuel d’éducation sexuelle ; il n’est pas surprenant qu’il veuille passer aux travaux pratiques, suivant les illustrations explicites du livre… On atteint là le pire de la mauvaise éducation moderne : la mère présente elle-même le vice, mais vu comme une matière technique, voire un bien. Au plus, elle rappelle à son fils que les filles sont des êtres humains, et qu’il faut fuir la pornographie et ses images dégradantes. Certainement, mais la fornication reste un péché grave, ce qui n’est rappelé par aucun personnage du film. La famille de la jeune fille existe encore comme famille, avec un père et une mère, unis, et c’est beaucoup, mais un certain laxisme éducatif se devine aussi.
 
14 ans, premier amour a pour intérêt principal de proposer un portrait des adolescents russes d’aujourd’hui. Il existe des phénomènes claniques, liés aux classes d’âge et à des critères complètements idiots, comme l’appartenance à des bandes rivales basées sur la fréquentation de lycées différents – qui n’ont que des numéros, suivant le pire de l’ère soviétique -, ce qui crée une difficulté pour les jeunes amoureux. Le film met en valeur le rôle des réseaux sociaux dans leurs vies. On ne peut vraiment pas dire que ce soit une bonne chose, avec une indiscutable tendance à l’exhibitionnisme. Curiosité, il ne s’agit pas de Facebook, mais de son équivalent russe VKontakte ; le fonctionnement est toutefois le même. Les portraits des personnages, indiscutablement ancrés dans la réalité sociale, qu’il s’agisse des adolescents ou de leurs parents, intéresse. A ce titre, 14 ans, premier amour peut donc véritablement susciter la curiosité d’un public adulte averti.
 

Lu sur réinformation.tv

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