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Titli, qui est semble-t-il un prénom de déesse-poisson dans la complexe mythologie hindouiste, est typique de la volonté actuelle de renouvellement du cinéma indien : il relève de la volonté de se rapprocher de standards internationaux, ou supposés tels, en osant désormais une approche qui se veut réaliste. Récemment encore, le cinéma indien respectait plutôt des exigences spécifiques, liées à la culture indienne, avec beaucoup de danses et de chants, une joie apparente systématique, mais pour les catégories sociales les plus pauvres… Cette Inde rêvée ne correspond en rien aux réalités, assez souvent sordides, ce qu’essaie de rendre Titli. Titli est le prénom du héros ou antihéros central de cette histoire, membre d’une famille de voleurs indiens de Delhi très violents.
Les neuf dixièmes du film dressent un portrait réquisitoire d’une Inde certes en forte croissance, mais gangrenée par la délinquance, et l’immoralité. Tout le monde se montre malhonnête, manipule les autres… et personne ne serait innocent ou honnête, même les personnages a priori les moins vicieux ou méchants comme Titli. Quant à la police, elle collabore avec les criminels plus qu’elle ne les combat – un fait social d’ailleurs attesté par de très nombreux scandales en Inde. On déplorera seulement quelque excès de zèle dans la démarche réaliste, surtout en ce qui concerne la violence. Les interprètes n’en ont d’ailleurs visiblement pas l’habitude, au point que le spectateur attentif peut les voir frapper à côté de leurs cibles lors des scènes de tabassages.
La logique s’avère implacable, et chose terrible, sonne juste. La fin, plutôt bonne et morale, semble par contre quelque peu artificielle. On souhaiterait que les cyniques soient pris de remords, mais ils sont rares. Fonder une famille sur l’amour et l’estime réciproque, l’honnêteté de l’homme et de la femme, l’amour du travail honnête est fort bon mais paraît, en l’occurrence, artificiellement plaqué.