Edifiant et poignant, le témoignage de Patrice Franceschi sur la résistance kurde, qu’il a côtoyée des semaines durant sur le terrain, au plus près de leurs combats contre les djihadistes de l’EI, est aussi un bel hommage à ces combattants quelque peu oubliés par l’Occident.
De ce temps passé à crapahuter à leurs côtés, l’auteur nous rapporte l’image de guerriers mal équipés et faiblement armés, mais prêts à lutter jusqu’à la mort pour ne pas se voir imposer la charia. Dans leurs rangs, s’illustrent tout particulièrement ces jeunes combattantes yapajas, rendues célèbres chez nous par leur bravoure lors de la bataille de Kobané, et auxquelles Franceschi consacre de jolies pages.
Témoin de l’insupportable double jeu joué par la Turquie dans le conflit syrien, l’auteur l’est aussi des nombreuses questions que se posent les combattants kurdes sur l’Occident. Comme lorsque cette jeune yapaja lui demande pourquoi nos intellectuels soutiennent que les Français sont responsables si les musulmans vivant chez eux ne les aiment pas. Ajoutant : « ils ne peuvent pas vous aimer. Vous représentez, comme nous, tout ce qu’ils détestent » ! Ou comme lorsque Elisabeth Gauriyé, chrétienne syriaque, ayant constaté que nos journaux s’inquiétaient du droit des animaux, lui lance : « vous ne dites pas grand-chose sur nos droits à nous, les chrétiens d’Orient. Pourtant les islamistes essaient de nous exterminer partout. Pourquoi ce silence ? »
- Mourir pour Kobané, par Patrice Franceschi, aux éditions Perrin, collection Tempus. 160 pages. 7 euros.