Décès d’Alain Decaux

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L’écrivain, biographe et académicien Alain Decaux est décédé dimanche à l’Hôpital Georges-Pompidou à Paris, à l’âge de 90 ans. À partir des années 1950, ce formidable conteur, auteur d’une soixantaine d’ouvrages, a incarné l’histoire à la radio et à la télévision, où il a créé plusieurs émissions célèbres. De 1969 à 1988, il crée pour l’ORTF, puis pour Antenne 2, “Alain Decaux raconte”, où tous les mois il traite en direct d’un personnage ou d’un événement historique.

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 Tous les amoureux et les défenseurs de l’histoire sont en deuil. Alain Decaux, que j’eus l’honneur et la joie de bien connaître, a réussi une performance inédite : non seulement, avec André Castelot et Jean-François Chiappe, il a fait entrer l’histoire sous une forme accessible à la radio et à la télévision en complément de ses livres (comme ceux de ses merveilleux complices) et de ses spectacles, mais il l’a incarnée. Il est, en effet, rarissime d’être aussi passionnant à l’écrit qu’à l’oral et à l’image. Son émission « Alain Decaux raconte » était un rendez-vous que peu de téléspectateurs manquaient. Et un exploit ! Raconter en direct, pratiquement sans notes sinon quelques noms sur un tableau, des sujets aussi difficiles que la capitulation du Japon en 1945 et recevoir ensuite les compliments de l’ambassadeur du Japon pour ne pas avoir trop écorché des patronymes nippons, fut un hommage extraordinaire. Aucune époque, aucun personnage, aucun événement n’a échappé à ce maître conteur, au point que François Mauriac, enthousiasmé, écrivit qu’Alain Decaux était « le visage et la voix de l’Histoire ». Sans moyens, sans tournage ni reconstitution, seulement accompagné de quelques illustrations et surveillé par une assistante qui lui indiquait le minutage qui lui restait, ce défenseur de Sacha Guitry nous fit pénétrer dans les coulisses du passé, récent ou lointain. A toutes celles et à tous ceux rebutés par des travaux savants mais souvent ingrats, il a permis d’accéder à la connaissance, à la discussion, à la confrontation, en tenant compte des découvertes voire des remises en question. Avec Alain Decaux, le micro et la caméra exploraient le passé pour nous le proposer comme un divertissement de haut niveau, à la fois populaire et élégant, qui fit de la télévision le plus étincelant des professeurs. Merci Alain.

Jean des Cars – Présent

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