https://www.youtube.com/watch?v=PHxY9F1Iu4E
“J’veu la tête de Marine découpée, rangée dans un sac
Je veux les voir qui tapinent tous ces pédés de la Bac […]
Toujours le sourire quand un flic crève […]
J’aime quand un flic va à l’enterrement de ses collègues
Armes de guerre, on vient tout quer-bra […]
Clic, clic, coup de kalash, c’est toi qu’on arrache”
Le parquet d’Angoulême a été saisi du clip de Poposte et Rémy dont les paroles outrageantes continuent de créer l’indignation. “Il faut étudier cela avec attention pour identifier les paroles qui peuvent être constitutives d’une infraction, nous y travaillons”, a réagi Jean-David Cavaillé, le procureur d’Angoulême.
Patrice Renet, policier à Angoulême et secrétaire départemental du syndicat Alliance, est “outré” par ce clip. “Je n’ai jamais entendu un torchon pareil.” Il ne compte pas en rester là. Il a saisi son bureau zonal à Bordeaux, qui a alerté le bureau national du syndicat à Paris. Une plainte va être déposée à l’encontre des rappeurs. Patrice Renet espère pouvoir faire supprimer ce clip de YouTube et demandera, s’il le faut, le soutien du ministère de l’Intérieur.
Les paroles font froid dans le dos à la lumière des tragiques événements de janvier. “Toujours le sourire quand un flic crève”. Ce sont quelques-unes des douceurs d’un clip intitulé “Première dinguerie” et tourné au skate-park de Gond-Pontouvre par Poposte et Rémy, deux rappeurs angoumoisins.
Mis en ligne le 21 mars, il comptabilise déjà près de 6000 vues. Premier thème de prédilection: la haine du “flic”. “Armes de guerre, on vient tout quer-bra”, comprendre “‘braquer”. “Je veux les voir qui tapinent tous ces *** de la Bac”, dit sans détour la chanson. Des paroles isolées ? Ah non. Un autre titre nommé “Tirs à vue” n’est pas plus mesuré, c’est rien de le dire. “Tire à vue sur les porcs. Kalachnikovs, Condé, mange tes morts. […] Posté dans la cuisine, on attend que le poulet décède.”
Rémy Mas y Mas, 18 ans, et son cousin Poposte, de 24 ans, sont les chanteurs du groupe. Avec trois autres copains, ils rappent ensemble depuis un an. “Pour du beef on est oufs”, scande, tapageur, le refrain de la “Première dinguerie”, écrite par les cinq copains l’été dernier.
Les chanteurs et “paroliers” eux assument tout. A peine Rémy concède t-il “quelques phrases un peu abusées”. “Comparé au rap de maintenant, c’est pas trop violent. Ces paroles ont été écrites avant les attentats”, précise le jeune homme de 18 ans. “C’est vrai que ça peut choquer. En réécoutant, on s’est dit “c’est hardcore” mais maintenant il faut ça pour être dans le ‘game’ (dans le jeu, Ndlr). On a quand même d’autres musiques plus tranquilles.” L’écriture se veut collégiale. “Les paroles, ça vient comme ça, on les prend pas toujours au premier degré”, assure Rémy.
Pas sûr que leurs auditrices aient le même sens de la dérision. Les filles, second thème de prédilection. Toujours traitées avec délicatesse. L’inspiration au zénith. Morceaux choisis: “Pour niquer ta mère, j’allume deux cierges. […] Dans un autre titre: “Je ramène de la bonne, que ce soit de la weed ou de la femme.” Le reste -parce qu’il y a hélas bien pire- est un ramassis de grossièretés qu’on ne retranscrira pas ici. Les courageux peuvent écouter.
Et l’image de la femme? “On n’en a pas trop, comme tout le monde quoi.” Poposte et Rémy ont écrit à CL pour faire la promo de leur titre. On a vu, on a écouté mais on n’a pas aimé. Vraiment pas. Sauf une phrase qui sonne un éclair de lucidité au beau milieu du clip “Tirs à vue”. “On me dit d’apparaître moins vulgaire, je m’en bats les reins, c’est tout ce que j’sais faire.” C’est peut-être bien ça le problème.